2006-03-26
Le livre que l'on finit la nuit
Il y a longtemps que j'ai commencé à lire le recueil de Holly Phillips, In the Palace of Repose.
Si j'ai interrompu ma lecture, c'était sans doute parce que j'étais convaincu que je ne regretterais pas d'y revenir. À bien y penser, ce sont les livres les moins intéressants que l'on s'empresse de finir. Quand une intrigue prévisible et une prose sans relief font de la lecture quelque chose comme un pensum, on préfère en finir et passer à autre chose.
Les trois dernières nouvelles du recueil de Phillips ne déçoivent pas. Souvent, tout tient dans la révélation finale, même si les rebondissements suffisent à soutenir l'intérêt. La meilleure des trois dernières est sans doute « By the Light of Tomorrow's Sun », qui raconte le retour d'un enfant du pays dans un petit port de pêche isolé (probablement en Colombie-Britannique, mais pas nécessairement) pour des retrouvailles avec son père qui ne se passent pas comme prévu. Des secrets enfouis émergent, mais tout n'a pas été dit et le protagoniste, Daniel, voit enfin surgir du brouillard un vaisseau venu d'ailleurs.
Les deux autres nouvelles, malgré toutes leurs qualités, ne sont pas aussi efficaces. Dans « Summer Ice », Phillips verse plutôt dans la science-fiction la plus discrète. Dans une ville qui pourrait être Toronto après l'effondrement de la prospérité nord-américaine, une jeune artiste essaie de se faire sa place. Tout se noue dans les dernières pages, mais la conclusion révèle un art du dénouement qui coupe le souffle. Quand Phillips verse dans l'horrifique, elle joue sur une émotion primale qu'il n'est pas si difficile de susciter. Mais quand elle invoque l'admiration, elle accède à quelque chose qui est beaucoup plus rare. La nouvelle en tant que telle n'est pas tout à fait réussie dans la mesure où le lecteur hésite à s'investir parce qu'il ne voit pas où elle veut en venir, mais la fin rachète tout le reste.
La dernière nouvelle, « Variations on a Theme », est surtout une manière de conclure le recueil. L'histoire d'une école de musique fréquentée par des visiteurs féeriques qui choisissent parfois de séduire des étudiants malheureux pour les ramener dans leur monde enchanté n'offre justement qu'une... variation sur le thème de la séduction et de l'évasion dans un monde ensorcelé dont les beautés ont, peut-être, un prix.
Cependant, ce sont les personnages qui emportent la conviction. Phillips les anime en quelques lignes — ils vivent, ils souffrent, ils rient... La nouvelle repose sur une petite surprise — et sur la question implicite posée non seulement aux personnages mais aux lecteurs. Si on vous offrait de partir pour le pays des fées, accepteriez-vous? Dans ce recueil, il faudrait poser la question au début, car le lecteur qui pénètre dans le cercle enchanté des neuf fictions de Phillips risquera de tomber sous le charme d'une plume magique.
Si j'ai interrompu ma lecture, c'était sans doute parce que j'étais convaincu que je ne regretterais pas d'y revenir. À bien y penser, ce sont les livres les moins intéressants que l'on s'empresse de finir. Quand une intrigue prévisible et une prose sans relief font de la lecture quelque chose comme un pensum, on préfère en finir et passer à autre chose.
Les trois dernières nouvelles du recueil de Phillips ne déçoivent pas. Souvent, tout tient dans la révélation finale, même si les rebondissements suffisent à soutenir l'intérêt. La meilleure des trois dernières est sans doute « By the Light of Tomorrow's Sun », qui raconte le retour d'un enfant du pays dans un petit port de pêche isolé (probablement en Colombie-Britannique, mais pas nécessairement) pour des retrouvailles avec son père qui ne se passent pas comme prévu. Des secrets enfouis émergent, mais tout n'a pas été dit et le protagoniste, Daniel, voit enfin surgir du brouillard un vaisseau venu d'ailleurs.
Les deux autres nouvelles, malgré toutes leurs qualités, ne sont pas aussi efficaces. Dans « Summer Ice », Phillips verse plutôt dans la science-fiction la plus discrète. Dans une ville qui pourrait être Toronto après l'effondrement de la prospérité nord-américaine, une jeune artiste essaie de se faire sa place. Tout se noue dans les dernières pages, mais la conclusion révèle un art du dénouement qui coupe le souffle. Quand Phillips verse dans l'horrifique, elle joue sur une émotion primale qu'il n'est pas si difficile de susciter. Mais quand elle invoque l'admiration, elle accède à quelque chose qui est beaucoup plus rare. La nouvelle en tant que telle n'est pas tout à fait réussie dans la mesure où le lecteur hésite à s'investir parce qu'il ne voit pas où elle veut en venir, mais la fin rachète tout le reste.
La dernière nouvelle, « Variations on a Theme », est surtout une manière de conclure le recueil. L'histoire d'une école de musique fréquentée par des visiteurs féeriques qui choisissent parfois de séduire des étudiants malheureux pour les ramener dans leur monde enchanté n'offre justement qu'une... variation sur le thème de la séduction et de l'évasion dans un monde ensorcelé dont les beautés ont, peut-être, un prix.
Cependant, ce sont les personnages qui emportent la conviction. Phillips les anime en quelques lignes — ils vivent, ils souffrent, ils rient... La nouvelle repose sur une petite surprise — et sur la question implicite posée non seulement aux personnages mais aux lecteurs. Si on vous offrait de partir pour le pays des fées, accepteriez-vous? Dans ce recueil, il faudrait poser la question au début, car le lecteur qui pénètre dans le cercle enchanté des neuf fictions de Phillips risquera de tomber sous le charme d'une plume magique.
Libellés : Livres, Science-fiction