2006-02-21

 

Futur lointain... très lointain

Lu aujourd'hui sur la route de Toronto : Black Brillion de l'auteur canadien Matt Hughes. Il s'agit d'un roman de science-fiction des plus agréables, coulé dans un moule qui sera déjà familier aux fans et lecteurs de Jack Vance. En effet, l'intrigue se déroule sur notre Terre, mais dans un futur si lointain qu'elle peut facilement passer pour une autre planète. D'ailleurs, j'ai cru qu'il s'agissait d'un autre monde au début.

En évoquant un futur si lointain que le mélange le plus hétérogène de cultures et de technologies se justifie, Hughes peut donner libre cours à son art du dialogue. Les éléments du décor — pistolasers, extraterrestres, paquebots terrestres, manipulations de la gravité, etc. — ne sont que des conventions qu'il serait ridicule d'examiner. Le propos du roman n'est pas de susciter la réflexion ou l'émerveillement, mais d'offrir une aventure palpitante, dans la veine de certains romans de Vance. (Je ne pense pas seulement à ceux qui mettent en scène Cugel sur une Terre à l'agonie, mais aussi aux histoires dont Magnus Ridolph est le héros.) En général, même si le rythme de la narration languit à quelques reprises, Hughes livre la marchandise.

Certes, les personnages secondaires frisent la caricature, mais les personnages principaux, dont le jeune policier inexpérimenté Baro Harkless et même l'escroc Luff Imbry, révèlent des profondeurs insoupçonnées au fil des péripéties. Cette simplification des personnages fait partie des ficelles qui garantissent l'efficacité d'une certaine littérature populaire, tandis que le traitement plus circonstancié des personnages principaux leur donne plus de consistance.

Néanmoins, ce qui avait commencé comme une enquête somme toute banale s'enrichit d'ingrédients nettement plus intéressants. Je ne parle pas de l'appariement assez éculé d'un policier et du criminel qu'il a capturé, mais de l'intervention d'un historien, Guth Bandar, qui explore l'inconscient collectif de l'humanité. Ceci va permettre au jeune Baro d'éclairer des pans presque oubliés de son passé, va l'amener à changer de carrière et va même lui permettre de... sauver l'humanité. C'est très fort!

Bref, de la science-fiction d'aventures à déconseiller aux amateurs de sf dure, mais qui pourrait ravir les connaisseurs d'une science-fiction plus ancienne. (S'ils ne connaissaient pas déjà et s'ils aiment, ils pourront retrouver Guth Bandar dans d'autres textes signés par Hughes.)

Libellés : ,


Comments:
Mathew Hughes est-il traduit en France ? Je ne l'ai pas trouvé sur la recherche par auteurs sur Noosfere.org, ni sur bdfi.net
En tout cas merci d'avoir évoqué dans ton billet précédent l'anthologie Science Fiction 2006, car j'attendais depuis un moment d'être emballé par les premiers "travaux" de J.C. Dunyach chez Bragelonne, et cette fois, je sens que je ne vais pas bouder mon plaisir. J'en profiterai pour lire plus attentivement la nouvelle de ce fameux McAllister !
Quant au n°3 de "Fiction", je n'aurais pas besoin de me déplacer, il viendra bien tout seul puisque je suis abonné.
Amicalement
 
Non, je ne crois pas que Matt Hughes soit traduit en France, sauf peut-être comme auteur de nouvelles. En tout cas, je soupçonne que la traduction de ses textes, dont une partie du charme réside dans le choix des noms (comme dans Harry Potter), donnerait quelques maux de tête aux traducteurs...
 
Jean-Louis:

Merci pour les mots gentils. Un ami a Paris, qui traduit les romans de Jack Vance, a envoyee un autre de mes livres a un redacteur important qui travail pour le editeur francais de Vance. J'attend en espoir.

Veuillez pardonner l'absence des accents, et le francais maladroit.
 
L'effort est louable et fort apprécié. Bonne chance en France!
 
Publier un commentaire

<< Home

This page is powered by Blogger. Isn't yours?