2025-06-17

 

Temporel, de la science-fiction affranchie de l'espace-temps...

Le dimanche 15 juin, j'ai assisté à une présentation du court métrage (40 minutes environ) Temporel de Jean-François Éthier et Dominic St-Amant de Phosphen, un studio de création numérique immersive.  La projection dans un dôme Hubblo érigé sur la pelouse du Grand Théâtre permettait aux spectateurs d'être entourés par les images et l'effet nous plongeait dans les décors du récit, sauf peut-être lorsque celui-ci se projetait dans l'espace...

Le scénario offre une nouvelle version du boulet de Langevin dans un Québec intemporel.  L'acteur David La Haye incarne un pilote d'astronef qui effectue des missions spatiales régulières avant de revenir se poser (sans doute sur une piste de l'aéroport Mont-Tremblant près de La Macaza) pour retrouver ensuite sa jeune fille, Romy, et sa mère, dans une jolie propriété (peut-être au bord du lac Chaud ou de la rivière Rouge).  La situation change quand on semble lui diagnostiquer un cancer du poumon mortel.  Il va dès lors se servir de son vaisseau pour sauter une quinzaine d'années correspondant au reste de l'enfance et de la jeunesse de la fillette afin de retrouver Romy à l'âge adulte, grâce à la dilatation du temps de son voyage astronomique en boucle, ce qui ne l'empêche pas de décéder avec son petit-fils dans ses bras.

Ce n'est donc pas dénué de pathos.  Auparavant, on a suivi l'évolution de Romy, abandonnée par son père.  Elle va se mettre en couple avec une autre jeune femme et elles décideront d'avoir un enfant, ce qui nous vaut un retour à l'hôpital de Rivière-Rouge où son père avait reçu le diagnostic fatal.  Lorsque le père revient, il va rencontrer son petit-fils, qui est encore bambin, et qui serait né grâce à un don de sperme et une insémination artificielle.  Il ne semble pas retrouver sa propre mère pourtant, et son propre père ne semble plus figurer dans le portrait.

Les esprits rationnels se demanderont, d'abord, dans quel futur on aura développé un astronef aussi rapide, capable de s'envoler d'une piste des Laurentides pour friser la vitesse de la lumière (atteignant quelque chose comme 0,9999925 c, ou 99,99925% de la vitesse de la lumière, sauf erreur).  Ce futur n'est attesté que par ce vaisseau spatial, car les autres éléments du cadre — motocyclette, vêtements, école, hôpital, bar, pompes à essence — nous rattachent plutôt à notre présent.  Ce qui est sans doute attribuable à un budget maigrichon.  Le récit n'explique pas vraiment à quoi sert cet astronef ou en quoi consistent les missions du personnage.

Bref, c'est de la science-fiction telle que la conçoivent les professionnels de l'audiovisuel.  Les éléments visuels se passent de justifications, voire de réflexion.  L'important, c'est le spectacle et l'émotion.  À croire qu'Éthier et St-Amant aient été inspirés par Croisières sidérales, une vieillerie française de 1942...  On ne peut qu'espérer que les prochains réalisateurs d'un film de science-fiction québécois envisagent de collaborer avec des professionnels du genre.

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