2025-04-03
Le jour où tout a merdé
Une chronique à retardement... C'est en novembre dernier que j'ai assisté à une représentation au théâtre Périscope de cette pièce, Le jour où tout a merdé, qui campe sur les limites de l'écofiction et de la science-fiction, voire de la métafiction en prime. Deux intrigues s'entrecroisent : d'une part, on a les mésaventures sanitaires d'une petite troupe d'acteurs dont le studio souffre de graves problèmes de plomberie et d'inondations merdeuses en raison d'un vice de construction, et, d'autre part, on s'intéresse à l'organisation médiatique du négationnisme climatique.
Un auteur catalan, Joan Yago, conseillait les membres de la troupe Sortie de Secours pour développer une pièce sur le négationnisme climatique, mais les infortunés membres de l'équipe basée à Québec ont été victimes d'un problème de plomberie qui leur attire des ingénieurs, inspecteurs et entrepreneurs qui ne vont rien résoudre tout de suite, ce qui les a décidés à mettre en scène cette série d'avanies. La gravité grandissante du problème est à la fois comique et instructive, voire symbolique. L'édifice concerné reposait sur des fondations bâclées dont les faiblesses ont fini par se révéler. On peut facilement dresser des parallèles entre ce problème émergent et le réchauffement climatique qui est la conséquence d'une gabegie industrielle vieille de deux siècles. En outre, les réactions des autres locataires, qui se lavent les mains du problème et refusent de collaborer, rappellent aussi l'inertie, l'obstruction et le négationnisme observés depuis quarante ans.
La seconde intrigue nous plonge dans les manigances de coulisse qui souhaitent justement obtenir du grand public ces refus répétés d'accepter la réalité, de croire et d'agir. Ces préparatifs qui posent un cas de conscience à la personne recrutée par des intérêts pétroliers ou autres anticipent une grande conférence internationale dont la nature reste floue, mais elle pourrait s'inscrire dans un futur proche, ce qui classerait le tout dans la science-fiction ou tout au moins le genre de l'histoire secrète.
La mise en scène est de Philippe Soldevila, qui a aussi assuré la traduction des contributions, suppose-t-on, de Joan Yago. Les acteurs proviennent de l'équipe de Sortie de secours, qui jouent dans une certaine mesure leurs propres rôles puisqu'ils auraient vécu en direct le problème des toilettes de leurs bureaux et salle de répétition. Au final, c'est une pièce assez divertissante et surprenamment cohérente. Il lui manque sans doute une dimension émotive, au-delà du comique de situation et de la dimension démonstrative.
Libellés : Québec, Science-fiction, Théâtre