2017-06-29
Un sonnet de la Révolution scientifique
Tirer d'un ver l'éclat et l'ornement des rois,
Rendre par les couleurs une toile parlante,
Emprisonner le Tems dans sa course volante,
Graver sur le papier l'image de la voix,
Donner aux corps de bronze une âme foudroyante,
Sur les cordes d'un luth faire parler les doigts,
Savoir apprivoiser jusqu'aux monstres des bois,
Brûler avec un verre une ville flottante ;
Fabriquer mille objets d'atomes assemblés,
Lire du firmament les chiffres étoilés,
Faire un nouveau soleil dans le monde chimique ;
Dompter l'orgueil des flots et pénétrer partout ;
Assujettir l'enfer dans un cercle magique :
C'est ce qu'entreprend l'homme, et dont il vient à bout.
« Prodiges de l'esprit humain », Étienne Pavillon (1632-1705)
Rendre par les couleurs une toile parlante,
Emprisonner le Tems dans sa course volante,
Graver sur le papier l'image de la voix,
Donner aux corps de bronze une âme foudroyante,
Sur les cordes d'un luth faire parler les doigts,
Savoir apprivoiser jusqu'aux monstres des bois,
Brûler avec un verre une ville flottante ;
Fabriquer mille objets d'atomes assemblés,
Lire du firmament les chiffres étoilés,
Faire un nouveau soleil dans le monde chimique ;
Dompter l'orgueil des flots et pénétrer partout ;
Assujettir l'enfer dans un cercle magique :
C'est ce qu'entreprend l'homme, et dont il vient à bout.
« Prodiges de l'esprit humain », Étienne Pavillon (1632-1705)
2017-06-01
Le sonnet du départ
LE ROC PERCÉ
C'est un cap étranglé de varechs et d'eau grise,
Que les assauts du nord ont en vain secoué,
Que le marsouin, passant par bandes sous la brise,
Vient frôler quelquefois de son dos tatoué.
Lorsque le soir descend sur son énorme frise,
L'ombre géante emplit son large flanc troué
Où tout le jour, dorant le golfe qui s'irise,
Compagne de l'azur, la lumière a joué.
Défiant, calme et seul, les plus hautes marées,
Ses roches, par les flots saumâtres entourées,
Depuis des milliers d'ans, narguent les vents amers,
Et les grands goélands, ces lourds pigeons de mers,
Se repliant autour, dans leurs vols fantastiques,
Lui font un anneau blanc de leurs ailes étiques.
(Gonsalve Désaulniers, 1863-1934)
C'est un cap étranglé de varechs et d'eau grise,
Que les assauts du nord ont en vain secoué,
Que le marsouin, passant par bandes sous la brise,
Vient frôler quelquefois de son dos tatoué.
Lorsque le soir descend sur son énorme frise,
L'ombre géante emplit son large flanc troué
Où tout le jour, dorant le golfe qui s'irise,
Compagne de l'azur, la lumière a joué.
Défiant, calme et seul, les plus hautes marées,
Ses roches, par les flots saumâtres entourées,
Depuis des milliers d'ans, narguent les vents amers,
Et les grands goélands, ces lourds pigeons de mers,
Se repliant autour, dans leurs vols fantastiques,
Lui font un anneau blanc de leurs ailes étiques.
(Gonsalve Désaulniers, 1863-1934)
Libellés : Poème, Québec, Voyages