2014-02-28
La science-fiction et le cinéma avec Arnal et Trudel
L'Agence Science-Presse (ASP) a organisé aujourd'hui un débat en ligne sur le sujet de « La science et le cinéma ». Il s'agissait de clavarder en direct avec deux experts sur le sujet de la science et de la science-fiction au cinéma. L'ASP a fait appel à la blogueuse Hélène Arnal et à moi-même pour répondre aux questions des animateurs et des visiteurs sur l'image de la science au cinéma, etc. Je ne suis pas mécontent du résultat.
Libellés : Films, Science-fiction, Sciences
2014-02-14
La première sélection du Grand Prix de l'Imaginaire 2014
Ma nouvelle « Trois relations de la fin de l'écrivain » figure dans la première sélection du Grand Prix de l'Imaginaire 2014. Elle est parue l'an dernier dans l'anthologie Utopiales 2013 à l'occasion de mon invitation par le festival des Utopiales à Nantes. Je suis évidemment ravi par cette sélection, car cette seule anthologie comportait d'excellents textes par les autres auteurs francophones (en particulier ceux de Beauverger, Debats, Lainé et Moreno). Toutefois, il convient de souligner qu'il ne s'agit que d'un premier tour. Le second tour des sélections accouchera d'une liste des finalistes (ou nominés) en avril. Le dernier tour permettra à tout le monde d'apprendre les gagnants durant le festival des Étonnants Voyageurs à Saint-Malo du 7 au 9 juin.
Libellés : Science-fiction
2014-02-01
Un film de science-fiction canadien très québécois
Le film L'Effet (2013) de Jocelyn Langlois, qu'il a lui-même scénarisé avec sa conjointe Catherine L. Allard et André Morency, est un film à petit budget. Sans surprise, les critiques ont fait mine d'ignorer que c'était un film de science-fiction, en parlant de post-apo ou de road movie. Oui, c'est un road movie post-apocalyptique, qui rappelle beaucoup à certains égards le Ravage de Barjavel, les éléments réactionnaires en moins. Un matin, toute l'« énergie » du monde disparaît. Si, à l'époque de Barjavel, c'était déjà faire preuve d'une inculture scientifique certaine que de supposer possible la disparition spontanée de l'électricité (une manifestation de l'électromagnétisme à la base de la plupart des phénomènes du monde vivant, entre autres) sans autre effet sur l'humanité que de lui faire redécouvrir les vertus de la saine vie des campagnes, les scénaristes de L'Effet font encore plus fort. Non seulement tout ce qui est électrique ne fonctionne plus, mais les voitures ne démarrent plus et rien n'indique, il me semble, que des débrouillards arrivent à faire fonctionner par la suite des machines à vapeur ou des mécanismes équivalents. Bref, résumons en disant que tout ce qui est plus compliqué qu'un batteur à œufs — aux yeux, sinon du commun des mortels, du moins des « littéraires » de ce monde — cesse de fonctionner parce qu'il le faut pour l'histoire. Par conséquent, notre héroïne pourra traverser le Canada à bicyclette.
Comme road movie, ce n'est pas Mad Max, mais plutôt Good Max. Le film imagine que l'effondrement de la civilisation technologique entraîne un renouveau de la solidarité et de l'entraide entre les gens ordinaires, à quelques (très) rares exceptions près. Seulement, l'héroïne (jouée par Catherine L. Allard) est bloquée à Québec tandis que son amoureux (joué par Jocelyn Langlois) était parti en Colombie-Britannique. Un ami arrivé de l'Ouest apprend à la jeune femme que son amant a disparu après l'incendie de son hôtel. Elle décide donc de partir à sa recherche et c'est le début d'une équipée à bicyclette, en voilier, à cheval, à pied, de part en part du Canada. (Enfin, en pratique, elle n'aura couvert qu'un peu plus de la moitié de la distance, de Québec à la frontière de la Colombie-Britannique.)
La traversée du Canada vaut par les rencontres (en général, positives) que fait l'héroïne, par les paysages qu'apprécieront tous ceux qui ont déjà parcouru avec plaisir la Transcanadienne et par ses conversations avec des voyageurs qui ont réfléchi au sens de la catastrophe ou de la vie. L'apocalypse est après tout extrêmement gentillette : il n'est pas vraiment question des gens qui seraient morts sans stimulateur cardiaque et de la moitié de la population mondiale dont l'alimentation dépend d'engrais synthétiques, sans parler de la productivité agricole qui dépend de l'utilisation de machines. (En gros, sans « énergie », la population du globe serait sans doute condamnée à tomber de 7-8 milliards à moins de deux milliards. Sacrée hécatombe en vue!) Certes, il s'agit en partie d'une parabole sur la technologie trop aliénante, mais le film essaie quand même de jouer sur les deux tableaux en mettant en scène une aventure sur le mode réaliste.
En regardant le film, je me suis demandé comment Langlois avait pu filmer des étendues désertes de la Transcanadienne. Barrages policiers? En fait, il semblerait qu'il ait simplement attendu les moments où il n'y avait pas de voitures. Ce qui en dit long sur le Canada et la faiblesse relative de la circulation sur la Transcanadienne... En raison aussi de ses moyens réduits, Langlois a fait jouer à des acteurs québécois des rôles d'anglophones ou d'étrangers, qui ont souvent une histoire à raconter. Même s'ils parlaient très couramment l'anglais, pour la plupart, une oreille exercée pouvait quand même repérer une pointe d'accent québécois, ce qui nuisait à la crédibilité du film.
Certains des meilleurs moments du film arrivent à la fin, quand l'héroïne se rapproche de son but et apprend que son amoureux a également tenté de faciliter leurs retrouvailles. Un meilleur scénario aurait sans doute mieux exploité cette dimension de l'histoire. Si les acteurs jouent bien leur rôle, certains dialogues sonnent parfois un peu faux.
Néanmoins, pour un premier effort dans le genre, c'est extrêmement sympathique. Et, franchement, comme il n'y a pas eu énormément de longs métrages québécois de science-fiction, on peut trouver que cette fable utopique se situe d'emblée parmi les meilleurs d'une catégorie qui inclut Truffe, Dans le ventre du dragon et Mars et avril.
Comme road movie, ce n'est pas Mad Max, mais plutôt Good Max. Le film imagine que l'effondrement de la civilisation technologique entraîne un renouveau de la solidarité et de l'entraide entre les gens ordinaires, à quelques (très) rares exceptions près. Seulement, l'héroïne (jouée par Catherine L. Allard) est bloquée à Québec tandis que son amoureux (joué par Jocelyn Langlois) était parti en Colombie-Britannique. Un ami arrivé de l'Ouest apprend à la jeune femme que son amant a disparu après l'incendie de son hôtel. Elle décide donc de partir à sa recherche et c'est le début d'une équipée à bicyclette, en voilier, à cheval, à pied, de part en part du Canada. (Enfin, en pratique, elle n'aura couvert qu'un peu plus de la moitié de la distance, de Québec à la frontière de la Colombie-Britannique.)
La traversée du Canada vaut par les rencontres (en général, positives) que fait l'héroïne, par les paysages qu'apprécieront tous ceux qui ont déjà parcouru avec plaisir la Transcanadienne et par ses conversations avec des voyageurs qui ont réfléchi au sens de la catastrophe ou de la vie. L'apocalypse est après tout extrêmement gentillette : il n'est pas vraiment question des gens qui seraient morts sans stimulateur cardiaque et de la moitié de la population mondiale dont l'alimentation dépend d'engrais synthétiques, sans parler de la productivité agricole qui dépend de l'utilisation de machines. (En gros, sans « énergie », la population du globe serait sans doute condamnée à tomber de 7-8 milliards à moins de deux milliards. Sacrée hécatombe en vue!) Certes, il s'agit en partie d'une parabole sur la technologie trop aliénante, mais le film essaie quand même de jouer sur les deux tableaux en mettant en scène une aventure sur le mode réaliste.
En regardant le film, je me suis demandé comment Langlois avait pu filmer des étendues désertes de la Transcanadienne. Barrages policiers? En fait, il semblerait qu'il ait simplement attendu les moments où il n'y avait pas de voitures. Ce qui en dit long sur le Canada et la faiblesse relative de la circulation sur la Transcanadienne... En raison aussi de ses moyens réduits, Langlois a fait jouer à des acteurs québécois des rôles d'anglophones ou d'étrangers, qui ont souvent une histoire à raconter. Même s'ils parlaient très couramment l'anglais, pour la plupart, une oreille exercée pouvait quand même repérer une pointe d'accent québécois, ce qui nuisait à la crédibilité du film.
Certains des meilleurs moments du film arrivent à la fin, quand l'héroïne se rapproche de son but et apprend que son amoureux a également tenté de faciliter leurs retrouvailles. Un meilleur scénario aurait sans doute mieux exploité cette dimension de l'histoire. Si les acteurs jouent bien leur rôle, certains dialogues sonnent parfois un peu faux.
Néanmoins, pour un premier effort dans le genre, c'est extrêmement sympathique. Et, franchement, comme il n'y a pas eu énormément de longs métrages québécois de science-fiction, on peut trouver que cette fable utopique se situe d'emblée parmi les meilleurs d'une catégorie qui inclut Truffe, Dans le ventre du dragon et Mars et avril.
Libellés : Films, Québec, Science-fiction