2012-10-27
Louis Perron, la littérature et le succès
Dans Le XIXe siècle fantastique en Amérique du Nord, la nouvelle « L'Amiral du brouillard » parue dans Le Samedi en 1895 est attribuée à L. Perron, sans autre précision. Dans le DALIAF, elle est attribuée à Louis Perron, peut-être parce que Janelle avait fini par remarquer que Louis Perron était alors rédacteur du journal Le Samedi.
Mais qui était Louis Perron? Malgré un nom de famille qui fleure bon le terroir, il ne faut pas le confondre avec un Alphonse Guérette sorti de sa campagne québécoise. Né en France le 16 janvier 1844, Perron est un immigrant qui apporte dans ses bagages la culture et la sensibilité artistique d'un Parisien. S'il va tirer le diable par la queue durant plusieurs années, il va bel et bien réussir à se tailler une place dans la société québécoise de son temps et finir sa vie dans une certaine aisance.
La première partie de sa vie reste mystérieuse. Prénommé Louis Auguste François, il est le fils de François Perron et de Marie Augustine Brocquesolle. En 1883, il habite au 17, rue Saint-Gilles, dans le troisième arrondissement à Paris, quand les bans de son mariage à venir avec Adèle Catherine Reichstetter sont publiés. Selon une découverte du chercheur François Landry [en décembre 2017], le contrat de mariage est signé le 22 juin 1884 et le mariage a lieu le 3 juillet. Perron a quarante ans passés. Le couple emménage sans doute initialement au 17, rue Saint-Gilles, qui se trouve alors à deux pas de la première bibliothèque populaire de prêt en France, la Bibliothèque des Amis de l'instruction. L'École centrale des Arts et Métiers se trouve également dans le quartier. Y a-t-il reçu la formation d'ingénieur dont il se vantera plus tard?
Pour des raisons obscures (le fantasme de la cabane au Canada? le protestantisme d'Adèle?), le nouveau couple choisit en 1886 de quitter la France pour le Canada. Et pas pour s'établir au Québec. Quand ils arrivent dans le port de Québec à bord du Sardinian le 18 octobre 1886, ils déclarent qu'ils sont en route pour Toronto. De fait, le 6 avril 1891, le recensement canadien les trouve dans le coin de Proudfoot, Bethune et Perry, dans la région de Muskoka et Parry Sound. L'endroit semble improbable pour un architecte, tel que Louis Perron se désigne.
D'ailleurs, l'année suivante, le couple s'installe à Montréal, au 221de la rue Craig. Louis fait paraître une annonce dans l'annuaire Lovell : « Perron Louis, Ingénieur civil, Spécialités techniques, aérostats, aérostat dirigeable (système breveté), fontaines lumineuses fixes et portatives (système breveté), installations optiques pour théâtre, etc., 80 St Lawrence, res 221 rue Craig ». Longtemps avant l'essor de Bombardier, cette insistance sur l'aéronautique manque un peu de réalisme. En revanche, il convient de noter la mention d'appareils pour le théâtre ou les occasions festives...
Mais qu'est-ce qui nous prouve que Louis Auguste François Perron est bel et bien le rédacteur du journal Le Samedi et l'auteur de « L'amiral du brouillard » ? Si on examine les mentions de Louis Perron ou L. Perron dans l'annuaire Lovell au fil des ans (voir le tableau ci-dessous), il n'y a pas trente-six « Louis Perron » une fois qu'on élimine les ouvriers, journaliers et menuisiers. Un doute surgit, certes, en 1894 avec la mention d'un « L. Perron », imprimeur, mais les annuaires suivants démontrent qu'il s'agissait sans doute d'une coquille et qu'ìl fallait lire « T. Perron », c'est-à-dire Théophile Perron. (Je n'ai pas inclus ce dernier après 1898.)
Du coup, il ne reste plus qu'un Louis Perron, et l'architecte/ingénieur civil (il s'inclut dans l'annuaire de 1893 à ces deux titres, mais à la même adresse) disparaît justement en 1895 quand Louis Perron devient le rédacteur du Samedi jusqu'en 1899 (son nom manque durant deux années consécutives, mais il est certain qu'il continue à travailler pour Le Samedi). Avant, il s'était associé en 1894 avec un dénommé Lafond pour former ce qui pourrait être une épicerie ou un grossiste de l'alimentaire. Cette initiative commerciale n'a pas dû réussir, de sorte qu'il s'est laissé convaincre de se lancer dans le journalisme. Il donne libre cours à son intérêt pour la culture, organisant des concours de poésie pour les auteurs du cru et publiant aussi de nombreux poètes européens (voir La vie culturelle à Montréal vers 1900 de Micheline Cambron, p. 333).
Année Occupation Bureau Domicile
Et il s'inspire d'un vieux conte de Faucher de Saint-Maurice pour signer une fiction fantastique dans Le Samedi.
En 1900, toutefois, il cherche à relancer sa carrière d'architecte ou ingénieur. Il a plus de cinquante ans et l'entreprise s'avère sans doute laborieuse. En 1901, le recensement révèle qu'il forme toujours un couple avec Adèle et qu'il se désigne comme ingénieur civil. Pour arrondir ses fins de mois, il garde un pied dans les journaux, travaillant comme secrétaire pour Le Monde illustré et signant dans le même journal, en 1902, des articles sur les prototechnologies de Jules Verne qui sont devenues des réalités à l'aube du XXe siècle. Il est aussi retourné à une de ses anciennes amours, le théâtre. En 1901, le même Monde illustré s'intéressait déjà au projet qu'il avait conçu avec René Harmant d'établir dans un endroit central un théâtre capable de produire le drame français à grand spectacle, « avec artistes de carrière et programme d'une moralité irréprochable ». Ce ne sont que des à-côtés sans doute et il cherche toujours un emploi permanent comme architecte ou ingénieur, car ses efforts portent enfin fruit vers 1903.
Il s'est associé à Ulric J. Asselin et la nouvelle firme démarre sur un grand pied, choisissant d'annoncer en anglais dans l'annuaire : « Ulric J. Asselin & Louis Perron, Architects, Engineers, Valuators, Office rooms 501-2-3 & 4th floor, 17 Place d'Armes, Bell Main 874 ». Les affaires roulent si bien qu'en 1908, Louis et Adèle emménagent dans un logis plus spacieux. En 1911, le recensement révèle que le 200 de la rue Saint-Hubert héberge non seulement Louis et Adèle, mais aussi trois locataires, tous des artistes travaillant pour le théâtre. Georges Potron, 38 ans, né en Californie, et sa femme Marthe, 42 ans, sont arrivés de France en 1902. Jules Fleure, 33 ans, est arrivé de France en 1905. Une domestique de 25 ans, Élisabeth Cormier, s'occupe de la maisonnée. De toute évidence, Louis Perron persiste dans son rôle de protecteur des arts et il déclare à l'agent du recensement qu'il travaille comme architecte (ce que l'agent transcrit par « archithèque »).
En 1912, la firme Asselin et Perron s'adjoint un nouvel associé pour former le partenariat Asselin, Brousseau et Perron. Louis Perron a soixante-huit ans. Il se retire sans doute progressivement des affaires. Dans l'annuaire de 1916-1917, il se présente comme architecte. Il meurt à Montréal le 2 octobre 1916 et il est inhumé le 4 octobre. Le registre indique qu'il était architecte. Au terme d'une vie remplie d'occupations multiples, qui a vu Louis Perron balancer entre l'architecture, les lettres, le théâtre et le génie civil, ce sera le dernier mot.
Mais qui était Louis Perron? Malgré un nom de famille qui fleure bon le terroir, il ne faut pas le confondre avec un Alphonse Guérette sorti de sa campagne québécoise. Né en France le 16 janvier 1844, Perron est un immigrant qui apporte dans ses bagages la culture et la sensibilité artistique d'un Parisien. S'il va tirer le diable par la queue durant plusieurs années, il va bel et bien réussir à se tailler une place dans la société québécoise de son temps et finir sa vie dans une certaine aisance.
La première partie de sa vie reste mystérieuse. Prénommé Louis Auguste François, il est le fils de François Perron et de Marie Augustine Brocquesolle. En 1883, il habite au 17, rue Saint-Gilles, dans le troisième arrondissement à Paris, quand les bans de son mariage à venir avec Adèle Catherine Reichstetter sont publiés. Selon une découverte du chercheur François Landry [en décembre 2017], le contrat de mariage est signé le 22 juin 1884 et le mariage a lieu le 3 juillet. Perron a quarante ans passés. Le couple emménage sans doute initialement au 17, rue Saint-Gilles, qui se trouve alors à deux pas de la première bibliothèque populaire de prêt en France, la Bibliothèque des Amis de l'instruction. L'École centrale des Arts et Métiers se trouve également dans le quartier. Y a-t-il reçu la formation d'ingénieur dont il se vantera plus tard?
Pour des raisons obscures (le fantasme de la cabane au Canada? le protestantisme d'Adèle?), le nouveau couple choisit en 1886 de quitter la France pour le Canada. Et pas pour s'établir au Québec. Quand ils arrivent dans le port de Québec à bord du Sardinian le 18 octobre 1886, ils déclarent qu'ils sont en route pour Toronto. De fait, le 6 avril 1891, le recensement canadien les trouve dans le coin de Proudfoot, Bethune et Perry, dans la région de Muskoka et Parry Sound. L'endroit semble improbable pour un architecte, tel que Louis Perron se désigne.
D'ailleurs, l'année suivante, le couple s'installe à Montréal, au 221de la rue Craig. Louis fait paraître une annonce dans l'annuaire Lovell : « Perron Louis, Ingénieur civil, Spécialités techniques, aérostats, aérostat dirigeable (système breveté), fontaines lumineuses fixes et portatives (système breveté), installations optiques pour théâtre, etc., 80 St Lawrence, res 221 rue Craig ». Longtemps avant l'essor de Bombardier, cette insistance sur l'aéronautique manque un peu de réalisme. En revanche, il convient de noter la mention d'appareils pour le théâtre ou les occasions festives...
Mais qu'est-ce qui nous prouve que Louis Auguste François Perron est bel et bien le rédacteur du journal Le Samedi et l'auteur de « L'amiral du brouillard » ? Si on examine les mentions de Louis Perron ou L. Perron dans l'annuaire Lovell au fil des ans (voir le tableau ci-dessous), il n'y a pas trente-six « Louis Perron » une fois qu'on élimine les ouvriers, journaliers et menuisiers. Un doute surgit, certes, en 1894 avec la mention d'un « L. Perron », imprimeur, mais les annuaires suivants démontrent qu'il s'agissait sans doute d'une coquille et qu'ìl fallait lire « T. Perron », c'est-à-dire Théophile Perron. (Je n'ai pas inclus ce dernier après 1898.)
Du coup, il ne reste plus qu'un Louis Perron, et l'architecte/ingénieur civil (il s'inclut dans l'annuaire de 1893 à ces deux titres, mais à la même adresse) disparaît justement en 1895 quand Louis Perron devient le rédacteur du Samedi jusqu'en 1899 (son nom manque durant deux années consécutives, mais il est certain qu'il continue à travailler pour Le Samedi). Avant, il s'était associé en 1894 avec un dénommé Lafond pour former ce qui pourrait être une épicerie ou un grossiste de l'alimentaire. Cette initiative commerciale n'a pas dû réussir, de sorte qu'il s'est laissé convaincre de se lancer dans le journalisme. Il donne libre cours à son intérêt pour la culture, organisant des concours de poésie pour les auteurs du cru et publiant aussi de nombreux poètes européens (voir La vie culturelle à Montréal vers 1900 de Micheline Cambron, p. 333).
Année Occupation Bureau Domicile
1892-93 | Louis | ingénieur civil | 80 St-Laurent | 221 Craig |
1893-94 | Louis | ingénieur civil | 221 Craig | |
1893-94 | Louis | architecte | 221 Craig | |
1894-95 | Louis | 717 St-Laurent | 715 St-Laurent | |
1894-95 | L. | imprimeur | 140 St-Christophe | |
1895-96 | Louis | rédacteur | 393 Lagauchetière | |
1895-96 1896-97 |
T. Louis |
imprimeur néant |
39 St-Christophe | |
1896-97 1897-98 |
T. Louis |
imprimeur néant |
156 St-Christophe | |
1897-98 | T. | imprimeur | 156 St-Christophe | |
1898-99 | Louis | journaliste | 81 St-Charles-Borromée | |
1898-99 | Théophile | imprimeur | 156 St-Christophe | |
1899-1900 | Louis | journaliste | 81 St-Charles-Borromée | |
1900-01 | Louis | architecte | 4e Plateau | |
1901-02 | Louis | ingénieur | 138 St-Denis | |
1902-03 | Louis | ingénieur civil | 379 Craig | |
1903-04 | Louis | ingénieur | 17 Place d'Armes | 78 St-Hubert |
1904-05 | Louis | ingénieur civil | 17 Place d'Armes | 78 St-Hubert |
1905-06 | Louis | ingénieur civil | 17 Place d'Armes | 78 St-Hubert |
1906-07 | Louis | ingénieur civil | 17 Place d'Armes | 78 St-Hubert |
1907-08 | Louis | ingénieur civil | 17 Place d'Armes | 78 St-Hubert |
1908-09 | Louis | ingénieur civil | 17 Place d'Armes | 200 St-Hubert |
1909-10 | Louis | ingénieur civil | 17 Place d'Armes | 200 St-Hubert |
1910-11 | Louis | ingénieur civil | 17 Place d'Armes | 200 St-Hubert |
1911-12 | Louis | ingénieur civil | 17 Place d'Armes | 200 St-Hubert |
1912-13 | Louis | ingénieur civil | 17 Place d'Armes | 200 St-Hubert |
1913-14 | Louis | ingénieur civil | 200 St-Hubert | |
1914-15 | Louis | ingénieur civil | 200 St-Hubert | |
1915-16 | Louis | néant | ||
1916-17 | Louis | architecte | 200 St-Hubert |
Et il s'inspire d'un vieux conte de Faucher de Saint-Maurice pour signer une fiction fantastique dans Le Samedi.
En 1900, toutefois, il cherche à relancer sa carrière d'architecte ou ingénieur. Il a plus de cinquante ans et l'entreprise s'avère sans doute laborieuse. En 1901, le recensement révèle qu'il forme toujours un couple avec Adèle et qu'il se désigne comme ingénieur civil. Pour arrondir ses fins de mois, il garde un pied dans les journaux, travaillant comme secrétaire pour Le Monde illustré et signant dans le même journal, en 1902, des articles sur les prototechnologies de Jules Verne qui sont devenues des réalités à l'aube du XXe siècle. Il est aussi retourné à une de ses anciennes amours, le théâtre. En 1901, le même Monde illustré s'intéressait déjà au projet qu'il avait conçu avec René Harmant d'établir dans un endroit central un théâtre capable de produire le drame français à grand spectacle, « avec artistes de carrière et programme d'une moralité irréprochable ». Ce ne sont que des à-côtés sans doute et il cherche toujours un emploi permanent comme architecte ou ingénieur, car ses efforts portent enfin fruit vers 1903.
Il s'est associé à Ulric J. Asselin et la nouvelle firme démarre sur un grand pied, choisissant d'annoncer en anglais dans l'annuaire : « Ulric J. Asselin & Louis Perron, Architects, Engineers, Valuators, Office rooms 501-2-3 & 4th floor, 17 Place d'Armes, Bell Main 874 ». Les affaires roulent si bien qu'en 1908, Louis et Adèle emménagent dans un logis plus spacieux. En 1911, le recensement révèle que le 200 de la rue Saint-Hubert héberge non seulement Louis et Adèle, mais aussi trois locataires, tous des artistes travaillant pour le théâtre. Georges Potron, 38 ans, né en Californie, et sa femme Marthe, 42 ans, sont arrivés de France en 1902. Jules Fleure, 33 ans, est arrivé de France en 1905. Une domestique de 25 ans, Élisabeth Cormier, s'occupe de la maisonnée. De toute évidence, Louis Perron persiste dans son rôle de protecteur des arts et il déclare à l'agent du recensement qu'il travaille comme architecte (ce que l'agent transcrit par « archithèque »).
En 1912, la firme Asselin et Perron s'adjoint un nouvel associé pour former le partenariat Asselin, Brousseau et Perron. Louis Perron a soixante-huit ans. Il se retire sans doute progressivement des affaires. Dans l'annuaire de 1916-1917, il se présente comme architecte. Il meurt à Montréal le 2 octobre 1916 et il est inhumé le 4 octobre. Le registre indique qu'il était architecte. Au terme d'une vie remplie d'occupations multiples, qui a vu Louis Perron balancer entre l'architecture, les lettres, le théâtre et le génie civil, ce sera le dernier mot.
Comments:
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Merci pour cette recherche qui m'a permis de créer l'article sur Perron dans Wikipédia (https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_Perron)
Bonjour ! Pour des raisons romanesques, je suis titillé par le cas de l'épouse de Perron.
Avez-vous recueilli d'autres renseignements sur elle ? Dates/lieux de naissance et de mort. À votre connaissance, ce couple avait-il des enfants ?
Merci pour cet intéressant article !!!
Avez-vous recueilli d'autres renseignements sur elle ? Dates/lieux de naissance et de mort. À votre connaissance, ce couple avait-il des enfants ?
Merci pour cet intéressant article !!!
Salut,
Je n'ai pas grand-chose de plus pour Adèle. Date de naissance : 14 février 1851. De confession luthérienne, plus précisément. Sur l'acte de mariage, le nom de famille est épelé Reischstetter (avec deux s, mais je ne suis pas sûr d'y croire). Les recensements canadiens considèrent que les deux parents d'Adèle étaient français (donc, si alsaciens, nés avant 1870, ce qui semble logique). Elle est dans l'annuaire Lovell de 1917-1918 comme veuve Perron. Et c'est tout. Je n'ai pas cherché sa date de décès à l'époque.
Je n'ai pas grand-chose de plus pour Adèle. Date de naissance : 14 février 1851. De confession luthérienne, plus précisément. Sur l'acte de mariage, le nom de famille est épelé Reischstetter (avec deux s, mais je ne suis pas sûr d'y croire). Les recensements canadiens considèrent que les deux parents d'Adèle étaient français (donc, si alsaciens, nés avant 1870, ce qui semble logique). Elle est dans l'annuaire Lovell de 1917-1918 comme veuve Perron. Et c'est tout. Je n'ai pas cherché sa date de décès à l'époque.
Merci de m'avoir répondu si vite...
Comme vous le savez peut-être, Louis Perron a joué un rôle de premier plan dans la vie littéraire montréalaise de la fin du 19e siècle, éditant dans "Le Samedi" les textes de jeunes poètes (dont Nelligan, Charbonneau, etc.) parmi lesquels on retrouve "Silvio" avec qui Perron entretenait une relation suivie puisqu'il en publiera quelque 120 proses poétiques. Détail étrange, le seul "éditeur" de Silvio, c'est Perron. Son identité réelle n'a jamais pu être établie avec certitude - André Renaud écarte l'idée qu'il puisse s'agir de Perron lui-même (il signe en son nom plusieurs textes et les styles diffèrent trop pour être attribuables à la même plume).
Or j'ai relu certains des instantanés de Silvio et les référents y sont très souvent européens. Nombre d'auteurs canadiens-français de l'époque sont portés à imiter, lorsqu'ils ne les plagient pas tout simplement, leurs "maîtres français". Mais ceux de Silvio savent transmettre l'impression du "déjà vu" et du "déjà vécu" (une enfance passée en partie dans le Valais, notamment).
Ça donne envie de broder un canular à partir de fondements crédibles... Silvio = Adèle Catherine Reichstetter. Les historiens cherchaient un homme où se cachait une femme, le mensonge du genre, ajouté à l'esquive du pseudonyme, brouillant les pistes.
Évidemment, le tout s'inscrira dans une fiction et n'aura aucune prétention documentaire !
Merci infiniment de m'avoir accordé du temps.
J'ai consulté hier les annuaires Lovell. Mrs A Perron wid(ow) Louis, résidant au 200 St-Hubert, disparaît à partir de l'édition 1922-23.
Voilà. Merci encore !
François Landry
Comme vous le savez peut-être, Louis Perron a joué un rôle de premier plan dans la vie littéraire montréalaise de la fin du 19e siècle, éditant dans "Le Samedi" les textes de jeunes poètes (dont Nelligan, Charbonneau, etc.) parmi lesquels on retrouve "Silvio" avec qui Perron entretenait une relation suivie puisqu'il en publiera quelque 120 proses poétiques. Détail étrange, le seul "éditeur" de Silvio, c'est Perron. Son identité réelle n'a jamais pu être établie avec certitude - André Renaud écarte l'idée qu'il puisse s'agir de Perron lui-même (il signe en son nom plusieurs textes et les styles diffèrent trop pour être attribuables à la même plume).
Or j'ai relu certains des instantanés de Silvio et les référents y sont très souvent européens. Nombre d'auteurs canadiens-français de l'époque sont portés à imiter, lorsqu'ils ne les plagient pas tout simplement, leurs "maîtres français". Mais ceux de Silvio savent transmettre l'impression du "déjà vu" et du "déjà vécu" (une enfance passée en partie dans le Valais, notamment).
Ça donne envie de broder un canular à partir de fondements crédibles... Silvio = Adèle Catherine Reichstetter. Les historiens cherchaient un homme où se cachait une femme, le mensonge du genre, ajouté à l'esquive du pseudonyme, brouillant les pistes.
Évidemment, le tout s'inscrira dans une fiction et n'aura aucune prétention documentaire !
Merci infiniment de m'avoir accordé du temps.
J'ai consulté hier les annuaires Lovell. Mrs A Perron wid(ow) Louis, résidant au 200 St-Hubert, disparaît à partir de l'édition 1922-23.
Voilà. Merci encore !
François Landry
Salut,
L'hypothèse me semble tout à fait recevable. Il y a des Protestants, y compris luthériens, dans le Valais. Sinon, Reichstett est en Alsace, mais la famille Rei(s)chstetter dont Adèle Catherine est issue pourrait avoir traîné ses savates ailleurs. Il resterait à fouiller le passé d'Adèle, même si les indices sont peu nombreux, a priori.
L'hypothèse me semble tout à fait recevable. Il y a des Protestants, y compris luthériens, dans le Valais. Sinon, Reichstett est en Alsace, mais la famille Rei(s)chstetter dont Adèle Catherine est issue pourrait avoir traîné ses savates ailleurs. Il resterait à fouiller le passé d'Adèle, même si les indices sont peu nombreux, a priori.
Salut,
Je suppose que vous excluez l'hypothèse d'Yvette Francoli qui faisait de Silvio un alias de Louis Dantin, de son vrai nom Eugène Seers...
Dans l'ouvrage de Renaud sur Silvio, il y aurait l'observation de « ressemblances plus que troublantes entre « Jeux cruels », poème en prose de Silvio, et « Jeux d’enfants », poème en prose de Léo Trézenik publié en 1886 aux éditions de Lutèce, à Paris : « sauf quelques variantes, Jeux cruels et Jeux d’enfants sont le même poème » (Renaud, 1961, p. 116). » Or, c'est en 1886 qu'Adèle quitte Paris.
Je n'ai pas lu l'ouvrage de Renaud, qui rejetterait in fine une identification de Silvio et Trézenik, mais j'avoue que je trouve curieux que Trézenik (de son vrai nom Épinette) meurt en 1902, quand Silvio cesse de publier dans Le Samedi.
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Je suppose que vous excluez l'hypothèse d'Yvette Francoli qui faisait de Silvio un alias de Louis Dantin, de son vrai nom Eugène Seers...
Dans l'ouvrage de Renaud sur Silvio, il y aurait l'observation de « ressemblances plus que troublantes entre « Jeux cruels », poème en prose de Silvio, et « Jeux d’enfants », poème en prose de Léo Trézenik publié en 1886 aux éditions de Lutèce, à Paris : « sauf quelques variantes, Jeux cruels et Jeux d’enfants sont le même poème » (Renaud, 1961, p. 116). » Or, c'est en 1886 qu'Adèle quitte Paris.
Je n'ai pas lu l'ouvrage de Renaud, qui rejetterait in fine une identification de Silvio et Trézenik, mais j'avoue que je trouve curieux que Trézenik (de son vrai nom Épinette) meurt en 1902, quand Silvio cesse de publier dans Le Samedi.
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