2007-05-03
Les deux pentes de la vie
Les années sont éternelles quand nous sommes jeunes. L'été dure et dure, une journée est une série d'aventures et chaque heure est grosse de toutes celles que nous n'avons pas encore vécues. Les années qui nous séparent de nos cadets ou de nos aînés sont des immensités semblables aux cratères de la Lune du centre desquels on n'aperçoit pas les rebords encerclants...
C'est la pente ascendante de l'existence. À dix ans, un gosse de quatre ans ou une grande de seize ans appartiennent à des espèces différentes, descendues de la Lune avec les autres créatures des contes ou prêtes à s'y rendre en fusée.
Mais plus on vieillit, moins les années comptent. À quarante ans, six années de plus ou de moins sont un détail, une excentricité charmante, un sujet de conversation dans le bar ou sur l'oreiller.
Puis vient la pente descendante quand le temps reprend ses droits. Dans la huitième décennie de nos vies confortables, ces six années anodines reprennent l'importance qu'elles avaient dans l'enfance. Elles démarquent et elles séparent, elles suffisent à faire de la retraitée active et toujours ingambe une petite vieille confinée dans sa chambre. Et si un couple compte quelques années de différence, elles se feront douloureusement sentir quand il s'engagera sur la pente glissante du déclin, le plus jeune des deux essayant de retenir l'autre qui dérape et dévale la côte, l'esprit et le corps aspirés dans une déchiqueteuse métaphorique qui, le dernier jour, deviendra tristement réelle.
C'est la pente ascendante de l'existence. À dix ans, un gosse de quatre ans ou une grande de seize ans appartiennent à des espèces différentes, descendues de la Lune avec les autres créatures des contes ou prêtes à s'y rendre en fusée.
Mais plus on vieillit, moins les années comptent. À quarante ans, six années de plus ou de moins sont un détail, une excentricité charmante, un sujet de conversation dans le bar ou sur l'oreiller.
Puis vient la pente descendante quand le temps reprend ses droits. Dans la huitième décennie de nos vies confortables, ces six années anodines reprennent l'importance qu'elles avaient dans l'enfance. Elles démarquent et elles séparent, elles suffisent à faire de la retraitée active et toujours ingambe une petite vieille confinée dans sa chambre. Et si un couple compte quelques années de différence, elles se feront douloureusement sentir quand il s'engagera sur la pente glissante du déclin, le plus jeune des deux essayant de retenir l'autre qui dérape et dévale la côte, l'esprit et le corps aspirés dans une déchiqueteuse métaphorique qui, le dernier jour, deviendra tristement réelle.
Libellés : Réflexion
Comments:
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Douloureusement vrai, difficile à imaginer quand on est jeune, tentant à nier quand on est dans cette époque où les années se confondent et se «comptent» différemment... et un rappel que l'on doit profiter du temps qu'on a, et qu'au fond, il dépend de nous.
Un billet fort poétique, Jean-Louis, inattendu, mais très beau malgré son côté douloureux.
Merci de ce petit moment de lucidité dans un univers qui refuse souvent de l'être.
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Un billet fort poétique, Jean-Louis, inattendu, mais très beau malgré son côté douloureux.
Merci de ce petit moment de lucidité dans un univers qui refuse souvent de l'être.
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