2006-07-03

 

De l'infaillibilité des journalistes (sportifs)

Il est assez amusant de comparer la couverture journalistique des « grandes équipes » engagées dans la Coupe du monde.

En Angleterre, au Brésil, en France, voire en Italie, les journalistes semblent très critiques à l'égard de leurs équipes. À les entendre, leurs équipes sont peuplées de joueurs poussifs, sans imagination, sans élan, qui auraient besoin d'une boussole pour trouver le filet et qui se traînent à genoux sur le gazon en arrivant tout au plus à pousser le ballon d'un brin d'herbe à l'autre.

Et encore, ce sont là des fleurs qu'ils décernent aux joueurs si on compare ces commentaires au traitement réservé aux entraîneurs nationaux qui, à les en croire, ne sont même pas dignes de diriger une équipe de sexagénaires sibériens.

Du coup, quand une équipe gagne de manière quasi inespérée, comme la France contre le Brésil, les joueurs ont beau jeu de s'en prendre aux journalistes et de pavoiser en soulignant le manque de clairvoyance de ces plumitifs sans pitié. Sauf qu'ils oublient qu'en face, il y a une équipe qui a perdu, de sorte que les journalistes qui, ailleurs, n'avaient pas ménagé leurs critiques triomphent et ne se privent pas de célébrer leur lucidité.

Il faut s'y attendre. Les journalistes ont tout avantage à parier sur la déchéance de l'équipe de leur pays. Et à se montrer cruels à l'avance.

Dans un tournoi qui compte 32 équipes au départ et qui ne peut couronner qu'une équipe (même s'il y a un classement final, il n'y a pas vraiment de médaille d'argent ou de bronze pour les recalés), il est hautement probable qu'une équipe donnée ne se rendra pas jusqu'au bout. Même en se cantonnant aux équipes favorites ou traditionnellement bien placées, il y a sept chances sur huit que l'équipe nationale ne se rende pas jusqu'au bout.

De plus, comme on parle d'un sport dont les résultats tiennent souvent à un seul but et dépendent fréquemment du repas de la veille de l'arbitre et de sa nuit de sommeil, on peut considérer qu'il entre une large part de chance dans les résultats du tournoi. L'aléatoire règne en maître. Les équipes ne jouent que sept matches et il leur suffit, en fait, d'aligner cinq bons matches au bon moment pour remporter la Coupe du monde. Après tout, c'est ce que la France est en train de faire. Son équipe vient de jouer trois bons matches au bon moment et elle se retrouve à une partie de la finale...

Ainsi, un journaliste sportif a toutes les chances d'avoir raison en accablant dès le départ l'équipe nationale, ou à tout le moins en lui prédisant une fin sans gloire. Les probabilités de son côté. Et s'il se trompe, ses lecteurs seront trop heureux pour lui en tenir rigueur!

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