2006-02-07

 

Au pays des ours

Il ne faut pas croire qu'il n'y a que des mauvaises nouvelles dans le monde... Aujourd'hui, il faut signaler l'accord qui, au minimum, triple la surface des régions protégées en Colombie-Britannique et qui préservera tout particulièrement les forêts pluviales du Pacifique, sur près de 400 km de littoral. La nouvelle a été saluée un peu partout, y compris dans le Washington Post (incription requise), et elle est bien entendu répercutée sur les sites d'organismes voués à la sauvegarde ce qu'on appelle en anglais la Great Bear Rainforest, c'est-à-dire la « forêt pluviale du grand ours ». Ce sont près de 18,000 kilomètres carrés qui seront désormais protégés

C'est l'aboutissement d'une lutte que j'ai soutenue à l'occasion de mes deniers et de mes lettres, parce qu'il faut savoir se battre pour ce qui en vaut la peine. Alors qu'en France et en Europe, on compte les loups et les ours par dizaines, tout au plus, voire un par un, on trouve dans cette région des loups et des ours par centaines et par milliers. Le «grand ours», c'est le grizzly, mais cette région est aussi le foyer d'une variété unique de l'ours noir, soit l'ours de Kermode, au pelage blanc. Aussi appelé un ours-esprit par les tribus autochtones, ce dernier n'est ni l'ours blanc de l'Arctique ni un albinos au sens strict, mais un ours noir dont la couleur est altérée par un gène récessif. C'est sans parler de la spécificité de cette forêt pluviale (ou ombrophile) sous des latitudes tempérées... La proximité de l'océan déverse sur certaines vallées jusqu'à 3 ou 4 mètres de pluie par an et favorise la croissance d'une végétation d'une rare luxuriance, qui remonte à la dernière glaciation. On y retrouve des cèdres gigantesques, vieux de mille ans ou plus. Même si cet écosystème est difficile d'accès, le voyage s'impose, quand on a les moyens.

L'accord sera-t-il appliqué? Les surfaces protégées sont entourées de régions soumises à des régimes de gestion spéciaux, qui permettent un certain développement sous contrôle. Des lois devront suivre... Et les organisations écologistes qui sont parties prenantes à cet accord seront tenues de financer une cagnotte pour soutenir les efforts de développement durable dans cette région. Mais quel que soit le succès de l'accord, ni la France ni la Québec ne peuvent se permettre de critiquer, car leurs propres performances en matière d'équilibrage du respect des écosystèmes et des besoins humains sont pitoyables.

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