2010-10-15
Alain le Bussy (1947-2010)
Au risque de transformer ce blogue (lui-même au point mort en attendant que je retrouve des loisirs) en chronique mortuaire, je ne pouvais laisser Alain le Bussy passer l'arme à gauche sans le saluer une dernière fois. C'était un grand de la science-fiction francophone, et aussi de cette internationale des amateurs et créateurs de science-fiction qui transcende les frontières des langues et des pays. (On trouvera d'autres commentaires en guise d'adieux dans le livre d'or de ce site qui lui est dédié.)
Tout à fait par hasard, à la faveur d'un tri de mes archives, je relisais ces jours-ci une partie de ma correspondance avec lui, y compris une lettre d'il y a presque exactement dix ans, où j'exprimais mes regrets de ne pas avoir pu le voir à l'Eurocon de Gdynia parce que la maladie (fatale) de mon père m'avait retenu au Canada. Ceci dans le cadre de négociations pour tenter de faire paraître sous forme de livre le roman collectif L'Œil de Dieu (d'abord paru sous forme de feuilleton dans Temps Tôt) auquel nous avions pris part tous les deux, et ce qui n'a pas abouti...
Heureusement, tous nos rendez-vous n'ont pas été ratés. Je me souviens de l'accueil plus que cordial qu'il m'avait fait quand j'étais venu à la Convention nationale française de science-fiction de Tilff en 2005. Un accueil aussi généreux qu'enthousiasmant qui m'avait incité quelque part à inviter la Convention à Montréal... Sans l'avoir connu aussi bien que d'autres, je l'avais croisé à plusieurs reprises tout simplement parce que c'était un pilier, parce que c'était une époque de la science-fiction francophone à lui seul et parce qu'il savait se trouver là où il se passait quelque chose d'intéressant.
Au fil des ans, j'ai connu plusieurs Alain le Bussy. L'auteur belge à la production primée, dont les romans parus au Fleuve Noir se lisaient toujours sans peine et souvent avec plaisir. L'auteur prolifique dont les nouvelles valaient également le détour, marquées au coin du gros bon sens (de l'humour, souvent) et d'une humanité certaine. L'auteur resté en retrait des grands débats esthétiques et philosophiques de la science-fiction francophone, qui était heureux de raconter des histoires pour le plus grand bonheur des amateurs, et que je m'imaginais un peu en spectateur en train de fumer sa pipe, assis au revers du talus tandis que les modes passaient et repassaient sur l'autoroute, et que les vedettes du moment s'emboutissaient allègrement ou se plantaient dans le décor...
Le fan qui avait tout fait dans le fandom de la science-fiction. Publié un fanzine, Xuensé, pendant des années. Organisé des congrès, avec classe et dans la bonne humeur. Assisté à des congrès non seulement en France ou en Belgique, mais un peu partout dans le monde. Soutenu de nombreuses initiatives de ce petit milieu pour faire vivre cette fraternité occulte dont je parlais ci-haut, si ce n'est qu'en apportant un peu de bonne bière belge pour mettre un peu de vie houblonnée dans nos discussions...
L'érudit et le sage qui était abonné à la liste SFFRANCO depuis des années et dont les contributions enrichissaient nos discussions...
Bref, c'est un honnête homme et un bon vivant dans le meilleur sens du terme qui nous a quittés. Et le monde est un peu plus froid, un peu plus vide, en cette pluvieuse journée d'octobre à Québec.
Tout à fait par hasard, à la faveur d'un tri de mes archives, je relisais ces jours-ci une partie de ma correspondance avec lui, y compris une lettre d'il y a presque exactement dix ans, où j'exprimais mes regrets de ne pas avoir pu le voir à l'Eurocon de Gdynia parce que la maladie (fatale) de mon père m'avait retenu au Canada. Ceci dans le cadre de négociations pour tenter de faire paraître sous forme de livre le roman collectif L'Œil de Dieu (d'abord paru sous forme de feuilleton dans Temps Tôt) auquel nous avions pris part tous les deux, et ce qui n'a pas abouti...
Heureusement, tous nos rendez-vous n'ont pas été ratés. Je me souviens de l'accueil plus que cordial qu'il m'avait fait quand j'étais venu à la Convention nationale française de science-fiction de Tilff en 2005. Un accueil aussi généreux qu'enthousiasmant qui m'avait incité quelque part à inviter la Convention à Montréal... Sans l'avoir connu aussi bien que d'autres, je l'avais croisé à plusieurs reprises tout simplement parce que c'était un pilier, parce que c'était une époque de la science-fiction francophone à lui seul et parce qu'il savait se trouver là où il se passait quelque chose d'intéressant.
Au fil des ans, j'ai connu plusieurs Alain le Bussy. L'auteur belge à la production primée, dont les romans parus au Fleuve Noir se lisaient toujours sans peine et souvent avec plaisir. L'auteur prolifique dont les nouvelles valaient également le détour, marquées au coin du gros bon sens (de l'humour, souvent) et d'une humanité certaine. L'auteur resté en retrait des grands débats esthétiques et philosophiques de la science-fiction francophone, qui était heureux de raconter des histoires pour le plus grand bonheur des amateurs, et que je m'imaginais un peu en spectateur en train de fumer sa pipe, assis au revers du talus tandis que les modes passaient et repassaient sur l'autoroute, et que les vedettes du moment s'emboutissaient allègrement ou se plantaient dans le décor...
Le fan qui avait tout fait dans le fandom de la science-fiction. Publié un fanzine, Xuensé, pendant des années. Organisé des congrès, avec classe et dans la bonne humeur. Assisté à des congrès non seulement en France ou en Belgique, mais un peu partout dans le monde. Soutenu de nombreuses initiatives de ce petit milieu pour faire vivre cette fraternité occulte dont je parlais ci-haut, si ce n'est qu'en apportant un peu de bonne bière belge pour mettre un peu de vie houblonnée dans nos discussions...
L'érudit et le sage qui était abonné à la liste SFFRANCO depuis des années et dont les contributions enrichissaient nos discussions...
Bref, c'est un honnête homme et un bon vivant dans le meilleur sens du terme qui nous a quittés. Et le monde est un peu plus froid, un peu plus vide, en cette pluvieuse journée d'octobre à Québec.
Libellés : Belgique, Écriture, Science-fiction