2007-08-10
Petits et grands écarts du climat
Une révision des données climatiques pour les États-Unis continentaux contigus (les 48 États entre le Rio Grande et le Canada, en excluant l'Alaska et Hawaii) fait jaser la blogosphère parce qu'un critique de longue date, Stephen McIntyre, a décelé une erreur dans les températures annuelles moyennes. La NASA a maintenant intégré les données corrigées, sous la forme d'écarts annuels et quinquennaux par rapport à la température moyenne pour la période 1951-1980. Ceci donne cette figure sur le site de la NASA; à titre de référence, voici ma version : Il saute évidemment aux yeux que, malgré les changements en question, la tendance reste au réchauffement sur l'ensemble de cette période. Des années plus chaudes apparaissent durant les années trente (ce qui, en fait, explique mieux le caractère exceptionnel du Dust Bowl de l'époque puisque 1931 et 1934 ont été des années exceptionnellement chaudes), mais les années plus froides d'avant 1930 disparaissent et même les moyennes enregistrées en 1978 et 1979 restaient loin au-dessus des extrêmes de 1917 ou 1924.
Bref, la tendance générale reste la même et l'effet sur les moyennes mondiales est minime. Mais comme aux États-Unis, on confond volontiers les États-Unis et le monde, ainsi que les records ponctuels et la tendance, cette révision produit un grand effet. (Dans ces diagrammes, la légende parle d'anomalies, mais c'est bien d'écarts dont il est question.)
Qu'en est-il pour le Canada? Les données climatiques pour l'ensemble du pays sont en fait loin d'être faciles à trouver. Les meilleures données historiques sont sans doute celles de la Direction de la recherche climatique, sous une forme ou une autre, mais n'y a pas accès qui veut. Il faut s'inscrire et renoncer d'avance à toute diffusion ou utilisation non-institutionnelle. Heureusement, il est quand même possible de trouver deux séries d'écarts de la température moyenne au Canada, calculée sur une base quinquennale par rapport à la température moyenne pour la période 1961-1990. La série la plus longue décrit uniquement la situation pour le Canada au sud du 60e parallèle; l'autre série vaut pour tout le Canada, mais elle est plus récente. Si j'inclus ces deux séries dans une figure avec la série des moyennes quinquennales pour les États-Unis contigus, cela donne ceci :Notez bien que les moyennes de référence utilisées pour calculer les écarts canadiens et étatsuniens ne sont pas les mêmes. Par conséquent, la valeur des écarts n'est pas directement comparable. En revanche, les tendances le sont et on note tout de suite que s'il y a eu un réchauffement aux États-Unis durant les années trente, le réchauffement correspondant au Canada n'a pas été aussi soutenu. Cela souligne à quel point on ne peut pas généraliser pour la planète entière sur la base des données d'un seul pays.
Ce qui surprend dans le cas canadien, c'est à quel point les écarts de température d'avant 1950 sont en deçà des écarts étatsuniens. Cela s'explique sans doute par le fait que la période de référence canadienne (1961-1990) est plus tardive que la période de référence étatsunienne (1951-1980), au point d'empiéter sur une décennie (1980-1990) déjà marquée par le réchauffement du climat. Ce qui signifierait que les écarts plus récents seraient sans doute révisables à la hausse si on utilisait la même période de référence qu'aux États-Unis.Un dernier diagramme permet d'examiner de plus près les écarts moyens quinquennaux pour les États-Unis contigus (en bleu), le Canada au sud du 60e parallèle (en rose fuchsia) et l'ensemble du Canada (en rouge). Les données pour l'ensemble du Canada devraient refléter l'influence de l'Arctique, mais il est légèrement surprenant de constater que, pour plusieurs périodes, les écarts relativement à la moyenne ont dû être moins grands dans l'Arctique que dans le Canada méridional (entre 1984 et 1992, par exemple). En revanche, la tendance au réchauffement polaire a dû être dramatique après 1993, à en juger par le milieu de la décennie, mais je n'ai pu trouver de données officielles plus récentes, histoire de suivre l'évolution de la situation jusqu'en 2004, par exemple. De toute évidence, la diffusion de ces données a cessé d'être une priorité sous les administrations Martin et Harper; la compilation de ces données avait été complétée quand David Anderson était ministre de l'Environnement au fédéral. Il avait obtenu l'adhésion du Canada au protocole de Kyoto. Depuis, le Canada pratique avec application la politique de l'autruche...
Bref, la tendance générale reste la même et l'effet sur les moyennes mondiales est minime. Mais comme aux États-Unis, on confond volontiers les États-Unis et le monde, ainsi que les records ponctuels et la tendance, cette révision produit un grand effet. (Dans ces diagrammes, la légende parle d'anomalies, mais c'est bien d'écarts dont il est question.)
Qu'en est-il pour le Canada? Les données climatiques pour l'ensemble du pays sont en fait loin d'être faciles à trouver. Les meilleures données historiques sont sans doute celles de la Direction de la recherche climatique, sous une forme ou une autre, mais n'y a pas accès qui veut. Il faut s'inscrire et renoncer d'avance à toute diffusion ou utilisation non-institutionnelle. Heureusement, il est quand même possible de trouver deux séries d'écarts de la température moyenne au Canada, calculée sur une base quinquennale par rapport à la température moyenne pour la période 1961-1990. La série la plus longue décrit uniquement la situation pour le Canada au sud du 60e parallèle; l'autre série vaut pour tout le Canada, mais elle est plus récente. Si j'inclus ces deux séries dans une figure avec la série des moyennes quinquennales pour les États-Unis contigus, cela donne ceci :Notez bien que les moyennes de référence utilisées pour calculer les écarts canadiens et étatsuniens ne sont pas les mêmes. Par conséquent, la valeur des écarts n'est pas directement comparable. En revanche, les tendances le sont et on note tout de suite que s'il y a eu un réchauffement aux États-Unis durant les années trente, le réchauffement correspondant au Canada n'a pas été aussi soutenu. Cela souligne à quel point on ne peut pas généraliser pour la planète entière sur la base des données d'un seul pays.
Ce qui surprend dans le cas canadien, c'est à quel point les écarts de température d'avant 1950 sont en deçà des écarts étatsuniens. Cela s'explique sans doute par le fait que la période de référence canadienne (1961-1990) est plus tardive que la période de référence étatsunienne (1951-1980), au point d'empiéter sur une décennie (1980-1990) déjà marquée par le réchauffement du climat. Ce qui signifierait que les écarts plus récents seraient sans doute révisables à la hausse si on utilisait la même période de référence qu'aux États-Unis.Un dernier diagramme permet d'examiner de plus près les écarts moyens quinquennaux pour les États-Unis contigus (en bleu), le Canada au sud du 60e parallèle (en rose fuchsia) et l'ensemble du Canada (en rouge). Les données pour l'ensemble du Canada devraient refléter l'influence de l'Arctique, mais il est légèrement surprenant de constater que, pour plusieurs périodes, les écarts relativement à la moyenne ont dû être moins grands dans l'Arctique que dans le Canada méridional (entre 1984 et 1992, par exemple). En revanche, la tendance au réchauffement polaire a dû être dramatique après 1993, à en juger par le milieu de la décennie, mais je n'ai pu trouver de données officielles plus récentes, histoire de suivre l'évolution de la situation jusqu'en 2004, par exemple. De toute évidence, la diffusion de ces données a cessé d'être une priorité sous les administrations Martin et Harper; la compilation de ces données avait été complétée quand David Anderson était ministre de l'Environnement au fédéral. Il avait obtenu l'adhésion du Canada au protocole de Kyoto. Depuis, le Canada pratique avec application la politique de l'autruche...
Libellés : Effet de serre, Environnement, Statistiques