2015-05-18

 

Explorer l'avenir de l'environnement mondial à Montréal

J'avais vu passer la nouvelle, mais je n'avais pas eu le temps de la signaler.  Comme le rapportait La Presse le 11 juin 2014, l'organisation internationale Future Earth, qui se donne pour but de coordonner les recherches sur les changements climatiques et le développement durable, s'installait à l'Université Concordia avec le soutien de l'UNESCO et du Programme des Nations unies pour l'environnement.  Son secrétariat demeurait à Paris.  Le 8 juillet, la nouvelle était confirmée par un communiqué de l'Université Concordia, qui précisait que Montréal serait une des cinq plaques tournantes à l'échelle de la planète, en compagnie de Tokyo, Paris, Stockholm et Boulder.

Sur une période de dix ans, Future Earth doit assurer la jonction de trois programmes axés sur les changements environnementaux à l’échelle du globe : le programme international sur la géosphère et la biosphère; le programme international sur les dimensions humaines des changements planétaires; et Diversitas, le programme mondial de recherche sur la biodiversité. En coopération avec le programme mondial de recherches sur le climat, le secrétariat montréalais de Future Earth doit recruter et mobiliser des chercheurs susceptibles de faire avancer les investigations connexes.

À terme, le comité scientifique de Future Earth doit  effectivement assimiler ces programmes et agir en partenariat avec le World Climate Research Programme.  La nomination du Dr. Paul Shrivastava à la tête du secrétariat mondial de Future Earth, le 13 février dernier, confirme la participation québécoise et canadienne à l'entreprise puisque celui-ci était jusqu’à tout récemment professeur émérite et directeur du Centre David O’Brien pour l’entreprise durable, à l’École de gestion John Molson de l’Université Concordia. Il dirige donc le secrétariat mondial de Future Earth, composé de cinq pôles mondiaux à Montréal (Canada), à Paris (France), à Tokyo (Japon), à Stockholm (Suède) et à Boulder (États-Unis). Ceux-ci sont épaulés par des pôles régionaux au Moyen-Orient, en Afrique du Nord, en Amérique latine, en Europe, en Asie et en Afrique.

En faisant de Montréal un carrefour de la recherche environnementale, les institutions en cause n'obtiennent pas nécessairement des fonds supplémentaires pour leurs propres travaux, mais, au prix d'une contribution relativement modeste, les chercheurs de la région renforcent leurs possibilités de partenariat et d'échanges avec d'autres chercheurs dans le même domaine, ce qu'on décrivait autrefois en invoquant le mot magique « synergie ».  Le calcul sera-t-il justifié par les résultats à terme ?  C'est ce qu'on verra, mais le manque d'appui du gouvernement fédéral pour la recherche dans ces domaines oblige sans doute les acteurs du milieu à innover pour maximiser les ressources à leur disposition.

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2015-04-12

 

Les 24 heures de science

Cette année, les 24 heures de science auront lieu les 8 et 9 mai.  Comme chaque année depuis une décennie, il s'agit de concentrer sur deux jours environ un maximum d'activités pour favoriser la culture scientifique dans toute la province du Québec.  Une très petite organisation assure la coordination avec les dizaines de contributeurs et investit le gros du budget dans la promotion.

Le congrès Boréal a participé plusieurs fois aux 24 heures de science puisque ses dates début mai coïncident depuis plusieurs années avec le créneau privilégié par l'événement.  D'ailleurs, le 9 mai, de 13 h à 14 h, le concours de la meilleure formule sur place au congrès Boréal est inscrit en tête de liste dans la catégorie correspondante des 24 heures de science.  C'est un rendez-vous !  Des tenants de plusieurs formules scientifiques différentes soutiendront en public que la leur a le mieux servi la science-fiction.  À la fin, le public votera.

Afin d'améliorer encore plus la publicité de l'événement, les 24 heures de science ont lancé une campagne de sociofinancement avec Indiegogo.  L'an dernier, les quelque 300 activités coordonnées par l'organisation avaient accueilli 37 000 participants.  Avec une meilleure publicité, pourrait-on faire mieux ?  Pour l'instant, 28 personnes ont fait un don à la campagne de souscription qui a amassé 1170 $ en 17 jours.  Or, l'objectif était de 10 000 $ (extrêmement modeste quand on connaît les tarifs publicitaires) et il ne reste plus qu'une quinzaine de jours.  Je ne peux pas m'empêcher de penser au 12 décembre dernier, quand il y a eu une mobilisation rapide pour s'opposer aux coupures annoncées dans les organismes de culture scientifique au Québec.  En un peu plus de 72 heures, la pétition lancée à cette occasion avait recueilli 3691 signatures...  Quand on dit que signer des pétitions, c'est facile.  Si chaque signataire de la pétition avait donné 1 $, la campagne des 24 heures de science aurait déjà plus d'argent qu'elle n'en a actuellement.

À titre de comparaison, le Geekfest Montréal 2015 vient de lancer sa propre campagne de sociofinancement sur Kickstarter et a déjà obtenu 2349 $, également de 28 personnes.

Bonne chance à tous !

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2011-04-18

 

Ponts-boulot-dodo

À Montréal, la routine du quotidien est désormais en danger. La boîte noire des techniques est ouverte. Le pont Champlain n'est plus cette étape des trajets quotidiens que l'on complète sans jamais penser (ou presque) au fleuve qui se trouve sous le tablier...

Et l'association Champlain en Chantier a d'ores et déjà lancé une pétition...

À Montréal, la routine du quotidien est désormais en danger. La boîte noire des techniques est rouverte. L'échangeur Turcot n'est plus (s'il l'était encore, ces dernières années) cette étape des trajets quotidiens que l'on complète sans jamais penser (ou presque) au vide qui se trouve sous le tablier, ou au béton qui s'effrite au-dessus des voitures...

Eh oui, on a l'impression que l'actualité bégaie... Il y a quelques années déjà, j'écrivais sur sur ces infrastructures québécoises pas si durables (il y a presque cinq ans, dans ce billet) et, il y a quelques jours à peine, je notais l'attention portée aux infrastructures à reconstruire dans le manifeste de Legault et Sirois.

Mais qu'a-t-on fait pendant quatre ou cinq ans au Québec? On a réélu Gérald Tremblay, on a réélu le Bloc québécois et on a réélu Jean Charest. Des trois, j'oserais dire que c'est encore Charest qui a fait le plus pour les infrastructures routières (et pour ceux qui les construisent) — mais le mode de scrutin québécois, comme je l'ai également répété, fait que Montréal est le cadet des soucis du gouvernement à Québec.

Voilà pourquoi l'échangeur Turcot tombe en ruines et que le Québec est grand.

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2011-01-10

 

Explorateurs du métro de Paris

Ce site sur l'exploration illicite du réseau de tunnels du Métro de Paris permet de distinguer les véritables audacieux des écrivains qui préfèrent les aventures imaginées. Même avec l'aide de cartes détaillées du réseau, j'avoue aisément que je n'aurais jamais envisagé de me lancer à l'aventure dans les tunnels. Au lieu, j'ai écrit un roman de science-fiction pour jeunes, 13,5 km sous Montréal, qui se passe dans les tunnels du Métro de Montréal après une autre guerre mondiale...

Sinon, je préfère l'archéologie urbaine « publique », à Québec, par exemple, ou à Montréal. Certes, j'ai déjà signalé ce site sur l'exploration des catacombes et autres souterrains de Paris. Et quand je m'étais promené dans le quartier montréalais de Griffintown, j'avais signalé les expéditions d'explorateurs montréalais de sites abandonnés. En ce qui concerne les métros canadiens, il y a aussi des personnes qui s'y risquent à l'occasion (dont celles-ci, qui ont visité deux fois la légendaire station de Lower Bay) et cette FAQ pour explorateurs urbains fait allusion au réseau torontois. Mais je ne trouve pas grand-chose sur des équipées illicites dans les tunnels du métro montréalais...

Par contre, la ville de Québec avait son duo d'explorateurs urbains, mais leur site semble être au point mort depuis plusieurs années, quoique le forum associé reste actif, tout comme le forum canadien.

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2010-03-14

 

Une navette pour Montréal : mieux vaut tard que jamais

Cela fait longtemps que je me plains de l'accès à l'aéroport Trudeau de Montréal. Mais, enfin, une étincelle d'intelligence a illuminé les cerveaux embrumés des responsables municipaux qui laissaient une situation d'une rare idiotie — aucun lien direct en transport en commun entre l'aéroport et le centre-ville ! — pourrir depuis des années sans jamais proposer autre chose que des plans chimériques. Et encore, l'inertie, l'impéritie et le silence avaient régné en maîtres le plus souvent. On ne peut pas dire que les édiles montréalais trop souvent voiturés en taxi ou en limousine se préoccupaient beaucoup de l'accès à l'aéroport pour les usagers moins bien nantis, ou pour les employés de l'aéroport...

Heureusement, quelqu'un a eu l'idée... évidente de créer une navette directe de la Société de transport de Montréal entre l'aéroport et le centre-ville. Certes, ce sera plus cher (7$ pour un aller simple, soit presque trois fois plus qu'un billet d'autobus ordinaire), mais ce n'est pas beaucoup plus élevé que le coût du billet en RER de Roissy-Charles-de-Gaulle au centre-ville de Paris.

Bref, le 29 mars prochain, Montréal accèdera au rang de ville civilisée pour les voyageurs. Pas trop tôt.

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2009-11-15

 

Mon horaire au Salon du Livre de Montréal

Voici l'horaire de mes présences au Salon du Livre de Montréal (Place Bonaventure) et autres interventions publiques associées.

Mercredi, 18 novembre

11h30-13h, Prologue (Médiaspaul), pour les ouvrages de Jean-Louis Trudel

14h-15h, RÉCF (Vermillon/David), pour les recueils de Jean-Louis Trudel et l'ouvrage Jean-Louis Trudel de Sophie Beaulé

Jeudi, 19 novembre

11h30-13h, Prologue (Médiaspaul), pour les ouvrages de Laurent McAllister

14h-15h, RÉCF (Vermillon/David), pour les recueils de Jean-Louis Trudel et l'ouvrage Jean-Louis Trudel de Sophie Beaulé

Vendredi, 20 novembre

15h45-16h15, Agora, « Vingt-cinq ans de science-fiction au Canada : Jean-Louis Trudel présente son nouveau recueil de science-fiction, Les marées à venir (Vermillon, 2009) et fait le point sur une carrière de vingt-cinq années comme auteur de science-fiction, mais aussi comme observateur et historien du genre au Canada francophone. Il livre ses impressions sur l'évolution du genre et il explique sa démarche créatrice, en particulier en ce qui a trait aux nouvelles du recueil, en prise sur l'actualité scientifique et technique. »

17h-18h, RÉCF (Vermillon/David), pour les recueils de Jean-Louis Trudel et l'ouvrage Jean-Louis Trudel de Sophie Beaulé

Samedi, 21 novembre

12h-12h30, RÉCF (Vermillon), simple présence à l'événement « Rendez-Vous Midi »

14h-15h, Alire, avec Yves Meynard, pour le recueil Les Leçons de la cruauté de Laurent McAllister

16h-16h30, Alire, pour la revue Solaris

17h-18h, RÉCF (Vermillon/David), pour les recueils de Jean-Louis Trudel et l'ouvrage Jean-Louis Trudel de Sophie Beaulé

(hors Salon du Livre, au Saint-Bock, 1749 rue Saint-Denis)

18h-20h, Brasserie Le Saint-Bock, simple présence au lancement du numéro 25 de la revue Brins d'éternité

Dimanche, 22 novembre

10h-11h, Alire, avec Yves Meynard, pour le recueil Les Leçons de la cruauté de Laurent McAllister

11h-12h30, Prologue (Médiaspaul), avec Yves Meynard, pour les ouvrages de Laurent McAllister

(hors Salon du Livre, à l'Hôtel Days, 1005 rue Guy)

13h-15h, Salon Saint-François, avec Claude Lalumière, Leslie Lupien et Mark Shainblum,
« The Write Stuff: Discussion of trends in SF/F writing; what’s hot, what’s not, both in professional circles and in online fanfic? We'll highlight the most original new fiction along with the most hackneyed clichés and overused plot devices. » [Réunion de l'AMonSFF]

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2009-11-09

 

Futurs transports montréalais

La sortie du Programme triennal d'immobilisations de l'Agence métropolitaine de transport de la région de Montréal permet d'envisager une refonte rationnelle des réseaux de transports sur l'île de Montréal. Actuellement, par exemple, le train de banlieue qui part de Saint-Jérôme doit faire un grand détour par l'ouest avant d'arriver au centre-ville de Montréal (comme on le voit sur cette carte). Or, il croise la ligne qui part de la station Deux-Montagnes et s'enfonce sous le mont Royal pour arriver directement au centre-ville. Un des projets à l'étude, c'est donc de permettre aux rames de la ligne de Saint-Jérôme d'emprunter la ligne qui passe sous la montagne.

Comme il est également question de faire passer par le tunnel la future ligne en provenance de Mascouche et Terrebonne, on aurait donc à terme trois lignes de trains de banlieue qui emprunteraient ce tunnel vieux de près de 90 ans. Pour les amateurs de rétro-futurisme, notons que ce serait l'occasion de profiter d'un autre choix technique visionnaire.

Cela fait longtemps que j'avais remarqué sur la carte du réseau du métro de Montréal que le tunnel du CN passe sous la station Édouard-Montpetit. De fait, ce n'est pas un hasard. Au début des années soixante-dix, les concepteurs du métro avaient envisagé la création d'une troisième ligne de métro qui serait partie du centre-ville, aurait emprunté le tunnel et aurait desservi le nord de l'île. L'implantation de la station Édouard-Montpetit (d'abord appelée Vincent-d'Indy) a été planifiée pour assurer une interconnexion potentielle entre la ligne bleue et cette ligne hypothétique. On avait prévu des ascenseurs à haute vitesse pour relier la station de métro à une station 50 mètres plus bas, mais le coût a entraîné le report du projet aux calendes grecques.

Maintenant que le tunnel hébergera non pas un métro mais trois trains de banlieue, il semble qu'on se préparerait à rouvrir les cartons pour faire de la station Édouard-Montpetit la sixième station intermodale du réseau du métro.

Sûrement que les étudiants et profs de l'Université de Montréal ne s'en plaindront pas... Et c'est tout le versant nord du mont Royal qui en profiterait.

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2009-10-25

 

Une solution au dilemme électoral à Montréal

Comme souvent, le dilemme électoral à Montréal était sans doute insoluble s'il était considéré du seul point de vue des compétences et qualifications des candidats. Mais le citoyen peut aussi voter en recherchant non un résultat qui dépendrait de la performance des élus mais un résultat qui serait la conséquence directe du vote. Par exemple, l'élection de Louise Harel n'entraînerait pas nécessairement une meilleure gouvernance de la ville de Montréal (du moins, selon mes critères) ou même l'accomplissement des promesses électorales de l'équipe Harel, mais un vote majoritaire des Montréalais en faveur de Louise Harel constituerait un désaveu fort des politiques et pratiques de Gérald Tremblay. C'est la distinction entre un pari sur l'avenir (toujours fort risqué) et la perception plus prévisible des résultats d'un vote...

Ces jours-ci, j'avais loué une voiture et j'ai traversé le cœur du Québec en me faisant rappeler une fois de plus à quel point de nombreux chauffeurs québécois enfreignent le code de la route sans aucune gêne : feux rouges brûlés, oublis de signaler des virages ou changements de voie, hésitation à se ranger pour laisser passer une ambulance ou un camion de pompiers, excès de vitesse... La culture du tout-m'est-dû règne aussi chez les conducteurs québécois. De sorte qu'un piéton confirmé peut opter pour un choix électoral à Montréal susceptible de rappeler aux propriétaires de voiture que conduire sur les voies publiques est un privilège et non un droit...

Ce soir, j'ai donc résolu le dilemme électoral en profitant du scrutin anticipé. D'ici une dizaine de jours, je saurai si j'ai été le seul à penser ainsi.

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2009-10-23

 

Montréal, le dilemme électoral

Le choix du vote dans les élections municipales à Montréal n'aura jamais été aussi difficile. D'une part, les électeurs peuvent reporter au pouvoir Gérald Tremblay, dont l'administration travaille main dans la main avec les entreprises de construction. D'autre part, ils peuvent élire Louise Harel, dont l'anglais est laborieux mais les convictions séparatistes indubitables. Outre son aveuglement (volontaire?) au sujet de Benoit Labonté, tout indique qu'à la mairie, elle serait une bonne amie des syndicats municipaux...

Enfin, le tiers exclu, c'est Richard Bergeron de Projet Montréal que les médias ont rapidement rejeté dans les ténèbres extérieures quand on a remarqué un passage dans son ouvrage Les Québécois au volant, c'est mortel (Les Intouchables, 2005) sur le 11 septembre. Non seulement était-il farfelu, mais il était un adepte de la théorie du complot! Ouste! (Si on lit les passages en question, il semble plus enclin à exprimer une forme de scepticisme méthodique qui passe aujourd'hui pour une forme de la pensée critique mais qui exige en fait des certitudes à ce point blindées qu'il devient possible de douter de tout.) On peut se demander s'il pourrait être pire que les deux autres, mais c'est un candidat qui est quand même dur à avaler, même si son équipe a l'air plus crédible.

Bref, il reste quelques autres candidats à la mairie de Montréal : Michel Bédard (Équipe Bédard - Fierté Montréal), Louise O’Sullivan (Équipe Louise O’Sullivan - Parti Montréal - Ville-Marie) et Michel Prairie. Il serait peut-être temps d'en entendre parler un peu plus souvent...

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2009-06-01

 

Aussi ridicule au retour...

La connection entre l'aéroport Trudeau de Montréal et la ville est aussi ridicule au retour de voyage qu'à l'aller.

Comparons... À Nice, j'ai pris un des nouveaux tramways (électriques, spacieux, vaguement climatisés) au terme d'une attente de quatre minutes (le délai étant annoncé sur un panneau à chaque arrêt) pour aboutir devant la gare centrale de la ville, dont part un autobus direct qui dessert les deux aérogares de l'aéroport. Attente de quelques minutes encore, en bonne compagnie, de sorte que je n'ai pas vu le temps passer. Le trajet est rapide, sans grande attente et particulièrement effficace, de porte à porte.

À Montréal, il faut attendre à l'aéroport (bien plus de cinq minutes) que passe le 204 pour franchir le petit kilomètre jusqu'à la gare Dorval. Nouvelle attente pour prendre le 211 qui nous débarque au métro Lionel-Groulx. Nouvelle attente pour le métro, puis une nouvelle attente pour attraper l'autobus qui me dépose devant chez moi. J'aurais pu marcher au lieu de prendre cet autobus final, mais je tenais à mesurer la lenteur du processus jusqu'au bout. Et j'ai vu.

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2009-05-07

 

Au pays des coyotes

Cette nuit, j'ai croisé ce qui ressemblait fort à un jeune coyote sur le chemin de la Reine-Marie. Comme je ne suis pas spécialiste de la faune, je pourrais me tromper, mais je crois que j'aurais reconnu un renard ou un loup...

En fait, c'est la seconde fois que je crois repérer un coyote dans le quartier. Mais la première fois, c'était dans un boisé, et non sur le trottoir d'une avenue passante. Et c'était de loin, alors que j'ai surpris l'animal tapi dans la végétation au bord du trottoir à moins de deux mètres de moi... C'est sans doute ma surprise et mon incrédulité qui m'ont empêché de réagir assez vite pour prendre le coyote en photo. J'étais encore en train de sortir l'appareil de son étui quand l'animal est sorti des buissons sous mon nez et a traversé la rue à la course. Il a pénétré sur le terrain du Collège Notre-Dame par une brèche dans la clôture et je l'ai vu disparaître dans le jardin de l'établissement.

Croisera-t-il le chat noir qui hante aussi les abords du collège?

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2009-04-20

 

De la Maison Shaughnessy à Saint-Henri

Hier, j'ai profité du beau temps pour me promener. Après la réunion douloureusement matinale pour l'organisation d'Anticipation, je me suis rendu à l'exposition d'Alexandre Robichaud, « Dessine-moi le cosmos », à la galerie Quartier Libre dans Saint-Henri. En chemin, j'ai pris quelques photos du jardin de sculptures de Melvin Charney qui fait partie du Centre canadien d'architecture, face à la maison Shaughnessy (ci-dessous), qui sert de corps de logis principal du CCA. Le jardin de sculptures (qui serait aussi appelé « Le Village Shaughnessy »?) se trouve au sud du boulevard René-Lévesque. Sa pièce maîtresse est une façade fragmentaire, qui rappelle l'existence de maisons disparues tout en reflétant très fidèlement la maison Shaughnessy. Il n'y a qu'à comparer la photo ci-dessus et celle ci-dessous...Cet élément baptisé l'Arcade n'est qu'un faux-semblant qui cache la partie la plus intéressante du petit parc, une esplanade qui surplombe le chemin de fer, l'autoroute et la basse-ville montréalaise, c'est-à-dire les débuts du quartier Saint-Henri, autrefois un village de tanneurs sur les bords du canal Lachine, puis une petite ville besogneuse reliée par chemin de fer au centre-ville, et aujourd'hui un des quartiers les plus authentiquement habités du centre-ville (et un des mieux desservis par le métro)... L'envers de l'Arcade révèle qu'il ne s'agit que d'une façade à la Potemkine, dont on a poussé la construction juste assez pour cacher le boulevard René-Lévesque, et une partie du CCA. Depuis l'Esplanade Ernest-Cormier, on ne voit plus que le haut de la Maison Shaughnessy, comme le montre la photo ci-dessous — un effet qui n'est pas inintéressant, d'ailleurs.Par contre, ce grand belvédère semé de gravillons est piqueté de Colonnes allégoriques censées évoquer l'histoire de la ville et de son architecture. Mais les sculptures sont parfois un tantinet énigmatiques : si on ne se donne pas la peine de se renseigner, que faut-il retenir de la paire ci-après? Un temple protestant et des silos portuaires? Une banque ou une place de la Bourse? À Montréal, tant les banques que l'ancienne Bourse ont adopté l'apparence des temples gréco-romains. Autrefois, les banques étaient nombreuses à investir dans une forme d'architecture qui rappelait les sanctuaires de l'Antiquité pour souligner leur souci de pérennité : peut-être qu'on n'aurait pas eu de crise financière si les banques anglo-américaines n'avaient pas abandonné cette préférence pour les édifices exprimant la plus grande durabilité possible dans notre civilisation... L'hésitation n'est pas de mise dans le cas de la colonne suivante, coiffée de ce qui pourrait être une maison de poupée, mais où on reconnaît d'emblée une maison comme on peut en voir plusieurs encore aujourd'hui à Montréal. En particulier, elle est dotée d'un escalier qui donne accès à l'étage principal sans empêcher les autres locataires d'accéder à l'appartement au rez-de-chaussée. À première vue, la sculpture superpose cette maison typique de la fin du dix-neuvième siècle avec une maison plus humble, surmontée d'une cheminée, que l'on peut associer sinon au Régime français du moins à l'architecture canadienne-française. Le message est clair : ceci a remplacé cela, mais ce n'est pas une raison pour oublier. Je me souviens...
Dans un genre plus ludique, la Colonne suivante porte un assortiment de formes métalliques dont émergent au moins deux poutrelles, la plus élevée servant de socle à une maisonnette qui fait plutôt penser à une dépendance, voire à une cabane de défricheur. Le reste de la sculpture est-il censé suggérer le renouveau de l'architecture qui a résulté des nouveaux procédés de fabrication de l'acier au dix-neuvième siècle? Quand il est devenu possible de produire de l'acier presque aussi facilement que de la fonte ou du fer forgé, les armatures et charpentes métalliques ont pu bénéficier des qualités de l'acier. C'est ce qui a permis de construire les premiers gratte-ciel, mais aussi d'améliorer la durabilité des rails de chemin de fer ou de concevoir des machines plus résistantes. En même temps, les atouts de l'acier permettaient d'élever des édifices plus audacieux... Mais que vient faire là-dedans la petite maisonnette au sommet de la sculpture? Et le piédestal a-t-il un sens particulier? Il rappelle par son apparence les façades des grands immeubles du centre-ville et la superposition des trois composantes (les façades, les poutres de la charpente, l'habitation réduite à sa plus simple expression) pourrait représenter une sorte d'effeuillage qui montre ce qu'il y a derrière une façade monumentale : des matériaux de construction et l'idée de base de l'abri... La dernière Colonne que j'ai prise en photo est particulièrement frappante au plan visuel. Quant à sa conception, elle pourrait s'interpréter de la même façon que la précédente puisqu'elle combine une façade (de style néo-classique), une structure (de pont, par exemple) et une simple chaise. J'ai quand mêmefini par visiter la galerie Quartier Libre. Comme l'indique le titre de l'exposition, l'artiste s'intéresse au cosmos, à la cosmologie et même à l'astronomie. Ses toiles ne sont ni purement figuratives ni entièrement abstraites. L'Amas de la Vierge, le Grand Attracteur, les comètes, la théorie des cordes et les « planètes vacantes » sont au nombre de ses sujets.

À quelques pas de la galerie, je suis tombé sur un édifice comme on en trouve parfois dans les parties de la ville où il fallait occuper les lots disponibles de la meilleure façon possible, même si cela donnait des résultats un peu surprenants... comme dans le cas de ce petit immeuble commercial, occupé par des logements à l'étage et par un commerce au rez-de-chaussée — du moins, je présume que cette grande devanture vitrée servait autrefois à un boutiquier quelconque. Mais cette photo permet de bien apprécier l'étroitesse de la façade sur la rue principale par rapport à la profondeur derrière, sur la rue latérale. Le cas est assez rare pour ne pas avoir convaincu Melvin Charney d'en faire le sujet d'une sculpture! La photo ci-après offre un point de vue légèrement différent et suggère, si on la compare à cette photo un peu plus ancienne de cette maison de 1910, que l'édifice a fait l'objet d'une rénovation au moins partielle. (En particulier, la vitrine semble avoir profité d'une réfection.) En tout cas, pour les amateurs d'architecture, l'ensemble vaut le détour au même titre que la maison Shaughnessy du CCA.

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2009-04-06

 

Rues montréalaises

Hier, après avoir fait le saut de l'autre côté de la ville afin d'encaisser un loyer pour ma petite sœur, je suis revenu à pied, au soleil. Le fond de l'air pourtant printanier était assez cinglant, mais une bonne marche m'a réchauffé, en partant du magasin de vélos qui appartient pour moitié au locataire en question. Cette boutique bénéficie d'une devanture qui a de quoi attirer l'attention comme on peut le voir dans la photo ci-contre : on ne peut certainement pas nier que ce soit voyant! Il le faut sans doute puisqu'elle a pignon sur rue à quelques pas du carrefour, sur une artère plutôt résidentielle. Et l'édifice lui-même n'a sans doute pas été conçu pour accueillir un commerce au rez-de-chaussée, d'où une absence de vitrine, etc. Le choix des propriétaires s'explique-t-il aussi par une volonté de rejoindre la communauté des cyclistes à Montréal, qui se perçoivent souvent comme des esprits indépendants, voire des marginaux? (Ce qui ne va pas sans ironie quand on compare les voies réservées pour cyclistes à Montréal avec les efforts parfois nettement moins probants dans les autres grandes villes canadiennes.) J'ignore si les propriétaires rangent la nuit certains éléments de leur décor ou s'ils font confiance à l'honnêteté des passants — ou à leur désintérêt pour ce qu'ils pourraient prendre pour de simples bricolages? Non loin de là, j'ai croisé sur mon chemin une boutique utopique (ci-dessus). Mais l'utopie à Montréal, si on y regarde d'un peu plus près, c'est la coiffure, la pose d'ongles, l'épilation et les soins des pieds... Un peu plus loin, j'ai pris en photo une boutique nettement plus vénérable, Uniformes Trans-Canada (photo ci-contre). Ce commerce d'uniformes pour les travailleurs remonte à 1958, ce dont témoigne le style des grandes affiches vitrées, éclairées la nuit et posées sur les façades de l'immeuble. Les automobilistes sur la rue Saint-Denis ont le plus souvent l'occasion d'observer la devanture, mais j'ai choisi d'immortaliser la façade latérale, que l'on voit en remontant la rue vers le nord, mais pas vraiment dans l'autre direction (à moins de risquer l'accident). Quelques rues plus loin, c'est un tout autre style qui s'exhibe dans le cas de la cour à bois et centre de rénovation L. Villeneuve, qui a ouvert ses portes en 1973. Admirons le totem qui est sans doute censé illustrer l'art de tailler le bois, mais qui jure un peu dans un décor urbain si loin de l'océan Pacifique... Les rues de Montréal, ce sont aussi des maisons et des habitations d'une grande variété. Les édifices pourvus de balcons et d'escaliers extérieurs sont bien connus des visiteurs qui ont découvert Montréal pour la première fois, et parfois c'est tout ce dont ils se souviennent. Mais il existe des résidences en tous genres, y compris des maisonnettes (comme celle dans la photo ci-dessous) qui remontent à une époque de budgets familiaux nettement plus modestes... Depuis la ville s'est enrichie et on a construit des logements un peu plus spacieux, s'élevant sur un étage supplémentaire ou deux, mais certains pavillons d'autrefois subsistent encore.Tout ceci m'a inspiré l'idée de voir ce qu'on disait des rues de Montréal dans les ouvrages du début du XIXe s. Certes, Montréal n'était guère plus que le Vieux-Montréal à cette époque, mais on peut obtenir ainsi des impressions contrastées. Ainsi, dans une édition de 1843 des lettres de Catharine Parr Traill, une note en bas de page évoque une ville lugubre et sinistre, en particulier le dimanche : « « Il est impossible (dit M. Talbot, dans son livre intitulé Cinq ans de résidence), de se promener dans les rues de Montréal un dimanche ou un jour de fête, quand les boutiques sont fermées, sans recevoir les plus sombres impressions ; la ville entière paraît une vaste prise » — Il fait ainsi allusion aux volets des fenêtres et aux portes extérieures, qui sont en fer, et dont l'emploi a été adopté pour prévenir les effets du feu.» Le 21 mai 1844, un journal montréalais, Mélanges religieux, scientifiques, politiques et littéraires (un ancêtre en quelque sorte de Culture des futurs) annonce : « Le porte-manteau ou la caisse de livres dont nous avons annoncé la trouvaille dans notre avant-dernier numéro, n'a pas encore été réclamé. Comme les livres et les papiers sont en langue anglaise, les journaux de cette langue rendraient sans doute service au propriétaire s'ils avaient la complaisance de reproduire les lignes suivantes : Un porte-manteau, rempli de livres et de papiers, a été trouvé das les rues de Montréal. Le propriétaire le retrouvera en s'adressant au bureau des Mélanges religieux. » Le 9 mai 1849, dans L'Ami de la religion et de la patrie, les nouvelles sont moins bénignes, deux semaines à peine après l'incendie du Parlement (que l'on voit dans cette aquarelle de Charles William Jefferys) par les conservateurs (qui ont garanti ainsi qu'on ne songerait plus jamais à faire de Montréal une capitale) : « Les journaux tories publient, proclament hardiment et impunément les rapports et les sentiments les plus séditieux, se faisant aussi les échos de la rue. Une correspondance des plus actives se poursuit par la voix même du département de la Poste de Sa Majesté avec toutes les parties de la ville où règne de la sympathie pour le parti mécontent. Un maître de Poste d'une de nos paroisses au sud du fleuve, rapportait avec alarme l'autre jour, que par la même malle il était arrivé de Montréal 80 et quelques lettres à l'adresse des tories de sa paroisse, une pour chacun d'eux, et que depuis ce temps ces gens ont l'air de comploter ensemble. Dans les rues de Montréal on semble remarquer des signes d'intelligence, on croit entendre des mots de reconnaissance entre ceux dune certaine coterie.» Le 12 août 1854, un autre journal, Le Scorpion, de tendance plus humoristique (il se présente comme le « Journal des morsures publiques ») lance des colles sur les artères montréalaises : « En combien d'années pourrait-on réparer les rues de Montréal, sachant que pour paver celle appelée Great St. James, l'on travaille depuis le printemps et qu'on espère avoir terminé avant l'hiver? » ou « Pourquoi les rues de Montréal sont-elles, parfois éclairées au gaz durant le jour, et ne le sont presque jamais la nuit? »... (Réponse à la devinette : les rues sont encore en réparation cent cinquante-cinq ans plus tard!) En octobre 1860, le Journal de l'Instruction publique décrit plutôt les nouvelles qu'on se criait dans la rue : « d'abord, notre Gracieuse Souveraine et le Prince son époux, lord John Russell et l'aînée des princesses royales, et toute une suite que l'on peut imaginer, viennent de parcourir l'Allemagne, où, tous ensemble, ils ont été sur le point d'être broyés sur un chemin de fer, dans une collision qui parut un moment inévitable, et cela sans préjudice à une chûte de voiture dans laquelle quelques jours auparavant, le Prince Albert avait failli éprouver le sort funeste du dernier Duc d'Orléans. Le soir de l'embarquement du Prince de Galles à Portland [Maine], on criait dans les rues de Montréal la première de ces nouvelles, et il n'est personne qui n'ait frémi en songeant que, sans la présence d'esprit d'un ingénieur, le récit d'une aussi terrible catastrophe aurait attendu le jeune Prince au retour de sa tournée triomphale! »

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2009-03-27

 

Anticipation 1

Quelque peu ironiquement, alors qu'Anticipation consume beaucoup trop de mes jours et de mes nuits, je n'en ai pas parlé sur ce blogue depuis 2006 (!), quand j'encourageais les fans québécois à se grouiller un peu pour soutenir la folle entreprise en devenant membre du congrès mondial de science-fiction au Japon... J'avais de l'avance, mais on a la culture des futurs ou on ne l'a pas, hein?

Un de ces jours, on va en reparler sur Fractale Framboise, c'est Christian qui me l'a promis. En attendant toutefois, on peut jeter un coup d'œil au dossier réuni par ActuSF sur le sujet, qui comprend des entretiens avec René Walling, Jean Pettigrew et Louise Alain. Et déjà un commentaire de Jean-Claude Dunyach.

En fait, le silence français n'a pas été aussi assourdissant que Jérôme le suggère. Après tout, il y a déjà eu quelques échos, sur le site de Jean-Pierre Planque ou dans le troisième numéro de Galaxies, nouvelle série, où j'essayais de me montrer convaincu, sinon convaincant...

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2009-03-03

 

Le Montréal de la Crise

Les photos de la Dépression des années trente sont souvent célèbres, reproduites à l'infini et infiniment troublantes parce qu'elles mettent en scène la détresse et l'indigence. Ainsi, la photo ci-contre (LC-G623- 19736-A), prise le 10 mars 1933 par Samuel Herman Gottscho (1875-1971), nous montre une vieille femme qui tente de vendre quelques-unes de ses maigres possessions sur la rue Houston à New York, ce bout de rue étant devenu un marché aux puces en plein air. Qu'est-ce qui a incité le photographe à s'arrêter pour la prendre en photo? A-t-il été frappé par le landau qui semble lui appartenir et qui témoigne d'une époque plus prospère, à en juger par l'ornementation des flancs? Le manteau aussi ressemble à un vestige d'une splendeur évanouie, avec son col en fourrure (si ce n'est pas l'ensemble du manteau qui est fait de fourrure). Par contre, les objets étalés devant elle sont quelconques, dans la mesure où on peut les identifier : deux pots, un vase, peut-être une casserole renversée, une paire de ce qui pourrait être des claques d'hiver... Un peu plus loin, un autre vendeur aux abois offrait le même jour un assortiment nettement plus intéressant. Dans cette photo (LC-G623- 19737-H) également prise par Samuel Gottscho, on voit cette fois un homme d'un certain âge, mis avec un certain soin (chapeau, manteau de bonne coupe, un porte-documents à ses pieds) qui attend le chaland, une cigarette à la main. Ce qu'il offre aux passants, ce sont (je crois) deux ou trois horloges et réveils, ainsi que des bibelots divers, dont un flacon de terre cuite, une carafe et une fort belle coupe ouvragée. Derrière loin s'étend un terrain vague jonché de gravats, jusqu'à la façade d'un édifice (commercial?) devant laquelle des hommes sont rassemblés, assis ou debout. Et on se dit tout d'un coup que l'homme qui a encore quelque chose à vendre dans le cadre de cette brocante improvisée n'est peut-être pas le plus à plaindre... En mars 1933, Franklin Delano Roosevelt venait de devenir président et le pays était au bord de la faillite. Le taux de chômage avoisinait les 25% et la production industrielle avait chuté de plus de moitié. Pour l'instant, nous en sommes loin, tout comme nous sommes encore loin des sans-emploi se pressant dans ce réfectoire d'une soupe populaire à Montréal en 1931, dans la photo (Bibliothèque et Archives Canada / PA-168131) ci-dessous.Mais Montréal en 2009 sent déjà les effets de la crise économique. Pour l'instant, on parle de commerces qui ferment boutique, comme ce restaurant devant lequel je suis passé une nuit, il n'y a pas si longtemps. En plein centre-ville, tout près de Sherbrooke et du Ritz-Carlton, ce restaurant du Golden Mile avait fermé ses portes. Et les portes fermées arborent maintenant les stigmates d'un édifice abandonné : quand elles ne sont pas ornées de graffiti, elles abritent maintenant des empilages précaires de rebuts. Dans la photo ci-contre, on voit qu'un vandale a démoli au passage la lanterne qui flanquait autrefois l'entrée du Gulliver Steak House, avant que les clients ne désertent ses tables ou que le crédit devenu trop rare force les propriétaires à arrêter les frais s'ils avaient trop emprunté... Désormais, il faut sans doute s'attendre à voir de plus en plus d'établissements qui ferment. À première vue, cela peut sembler surprenant que les premiers touchés soient des restaurants fréquentés par les riches, mais il s'agit aussi de restaurants qui représentent des dépenses superflues.De sorte que lorsqu'il faut se serrer la ceinture, on va commencer par réduire les sorties aux restaurants les plus coûteux, en substituant une sortie au Macdo à la soirée au Gulliver. Ou encore, on remplacera le repas d'affaires en milieu de journée par une sortie au bar de 5 à 7. En particulier, si la comptabilité se met à refuser les notes de frais et à obliger les cadres à payer de leur poche pour un repas... Ce qui est peut-être révélateur si on regarde de plus près pour inventorier la nature des déchets échafaudés dans l'ancienne entrée du restaurant, c'est qu'on distingue des caisses de boissons gazeuses, et non des caisses de Beaujolais. Un signe d'un changement des habitudes de consommation? Quoique, en regardant d'encore plus près, on remarquera non seulement des boîtes de tomates et d'huiles de canola, ainsi qu'une boîte d'un fabricant de pâtes, mais aussi une caisse de vin blanc italien Fontana Morella de la Cantina Cerveteri — sauf qu'il ne s'agit pas d'un grand cru, car il se vend 7.15$ la bouteille en Ontario. Évidemment, rien ne prouve que ces rebuts sont des restes du Gulliver; n'importe quel restaurant (italien?) des environs pourrait se débarrasser de ses déchets en les abandonnant à la porte du restaurant condamné. Des rebuts de New York en 1933 à ceux de Montréal en 2009, on a décidément envie de déchiffrer sinon le futur du moins le passé dans la lie de nos quotidiens...

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2008-11-20

 

Prix Molson 2008

Les récipiendaires des Prix Molson 2008 du Conseil des Arts du Canada avaient été annoncés le 21 mai dernier, mais la remise de son prix à la traductrice Sheila Fischman avait lieu ce soir à Montréal, dans l'édifice Gilles-Hocquart qui abrite le Centre des archives nationales du Québec à Montréal et qui accueillit autrefois la première incarnation de l'École des hautes études commerciales (HEC) de Montréal. Comme ce n'était pas trop loin de Bouquinville et tout près de mon bureau, je suis passé faire un tour. Je m'attendais à reconnaître quelques visages familiers du temps où j'adhérais à l'Association des traducteurs et traductrices littéraires du Canada (ATTLC), mais j'ai fait chou blanc de ce côté.

Mais comme le Québec est très petit, surtout dans le milieu culturel, j'ai croisé une nouvelle écrivaine qui est, si j'ai bien compris, l'ex-belle-sœur de Sylvie Bérard. Ceci après que la Savante Folle, croisée à Bouquinville, m'apprenait plus tôt qu'elle avait été à la petite école avec Sophie Beaulé. Pour boucler la boucle, j'ai donc échangé quelques mots avec Sheila Fischman (que l'on voit de loin dans la photo ci-dessous, en conversation avec un employée du Conseil des Arts) au sujet de sa traduction de Pour la Patrie, de Jules-Paul Tardivel, l'idole (?) de jeunesse de mon grand-père...

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2008-10-25

 

Mise sur orbite d'un auteur

Aujourd'hui, Éric Gauthier lançait son premier roman au bar Sergent Recruteur à Montréal. Il s'agissait d'Une fêlure au flanc du monde, un tome de taille imposante publié par Alire. L'affluence était moins impressionnante, car il pleuvait à verse et la bise mordait, mais Gauthier a choyé ses fans et lecteurs présents en lisant la première section du roman avant de nous offrir un conte sur les folies de l'existence à Montréal, telles que vues par le personnage de Lucien, ancien douanier à l'aéroport qui s'est longtemps promené dans les rues de la ville en compagnie de son tout petit chien imaginaire. Dans la photo ci-contre, on voit le nouveau romancier entamer sa lecture du roman, dont le premier épisode se passe dans un cocktail dont le décor n'était pas si différent de celui du bar où nous nous trouvions. Bref, deux très bons moments, surtout que, depuis deux ou trois ans, je n'ai pas toujours eu l'occasion d'assister aux prestations d'Éric Gauthier à Boréal. Cette fois, nous l'avions à nous tout seuls! Si ce roman représente un point tournant pour la carrière de son auteur, c'est aussi une étape importante pour les éditions Alire, que j'avais l'habitude de brocarder pour la prédominance des auteurs de sf et de fantastique apparus avant 1985, exception faite de Natasha Beaulieu, Sylvie Bérard, Héloïse Côté et Patrick Senécal, plus ou moins... Par conséquent, Éric Gauthier devient d'emblée un des auteurs les plus jeunes et les plus neufs de la collection. Reste maintenant à voir si le livre confirme que souffle chez Alire un vent de fraîcheur...

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2008-10-20

 

Petit retour sur Con*Cept

Le congrès de la science-fiction (et de quelques autres imaginaires) Con*Cept avait lieu en fin de semaine à Montréal. L'invité d'honneur était David Brin, ce qui veut dire que même si je n'avais pas été invité à participer au programme, j'aurais fait des pieds et des mains pour y être. Sans être un fan inconditionnel, j'aime bien ce qu'il écrit, en règle générale (tant pis pour les féministes dogmatiques!), et il est rarement ennuyeux en personne. (Et son site est tout plein de bonnes choses!) La mise au point de la programmation du congrès avait été quelque peu cahoteuse, mais je me suis retrouvé sur des tables rondes intéressantes grâce à Christian. Y compris sur une table ronde avec David Brin qui a démontré qu'il n'avait pas trop perdu son français depuis le congrès mondial de La Haye en 1990 quand je l'avais entendu pratiquer la langue de Molière pour la première fois... (Je l'ai croisé depuis à quelques reprises, en particulier aux Utopiales de Nantes.) Afin de visiter le Palais des Congrès en prévision d'Anticipation, j'ai dû rater la présentation du docteur David Stephenson sur les engins volants de Miyazaki, dont j'avais vu la fin à Albany, mais j'essaierai de me rattraper à un rassemblement de fans d'animation japonaise à Ottawa. Mais quand? Pour l'instant, je l'ignore...

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2008-09-03

 

La novlangue à la Grande Bibliothèque

Il a suffi que la chaleur revienne pendant quelques heures pour que trois autres lamelles de la façade de la Grande Bibliothèque se brisent et tombent. Trois autres tuiles, quoi...

Le plus consternant, ce ne sont pas les défauts d'une bibliothèque construite au rabais, c'est la langue de bois pratiquée par la porte-parole, Claire-Hélène Lengellé. Je cite l'article de La Presse :

« C'est une très bonne nouvelle. Nous sommes très satisfaits puisque nous voyons que notre solution permanente de sécurité fonctionne. »

Le Journal de Montréal rapporte qu'elle aurait aussi dit :

« C'est tout à fait normal que des lamelles éclatent de cette façon. Selon nos fournisseurs, moins d'un demi de 1 % des lamelles devraient éclater ainsi au cours des 10 premières années suivant leur installation. C'est dans la nature du matériau utilisé. »

Franchement, c'est pousser le bouchon un peu loin. Si la chose avait véritablement été prévue, on n'aurait pas eu à construire en catastrophe des marquises, clôtures et plates-bandes d'arbustes au pied des façades pour recevoir les lamelles et leurs débris, au coût de 750 000 $ — coût qui vient s'ajouter à la coquette somme de trois millions de dollars pour ces lamelles de verre trempé...

Un de ces jours, j'espère qu'on nous dira combien auraient coûté ces lamelles si on avait opté pour le cuivre, le matériau prévu à l'origine. Parfois, les fausses économies sont les plus coûteuses...

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2008-08-21

 

Une culture, un pays?

On ne pourra pas accuser Stephen Harper de chercher à acheter les votes qui lui manquent dans les métropoles du pays. En coupant des programmes culturels qui coûtaient en tout et pour tout l'équivalent de quelques jours de présence en Afghanistant de l'armée canadienne, il a sans doute maximisé le nombre de votes perdus par dollar coupé, établissant un nouveau record dans le genre...

Mais il n'y a pas que les Conservateurs pour saboter les entreprises culturelles. En revenant d'un bon repas dans le vieux Montréal, j'ai remonté la rue Saint-Denis et découvert un plateau de tournage. Au pied d'une façade en partie voilée par de la fumée, plusieurs véhicules étaient attroupés sous les feux des projecteurs : camion de pompiers, voitures de police, ambulance... Mais je n'ai pas souvent vu à Montréal d'ambulance comme celle que l'on voit dans le cliché ci-contre! D'ailleurs, en poursuivant mon chemin, j'ai pris une dernière photo en me retournant. Cette fois, on voit l'avant de l'ambulance et la plaque d'immatriculation n'est certainement pas québécoise puisqu'elle n'est pas obligatoire ici à l'avant des véhicules, ce qui suggère qu'il ne s'agit pas d'une production locale... Cette photo montre aussi, à gauche, la caméra montée sur rails pour filmer la scène. Mais je n'ai pas aperçu d'acteurs, et encore moins de vedettes... Selon les enseignes, le film s'intitulerait « XMas », mais on sait bien que des faux noms figurent souvent sur ces panneaux.À Montréal, l'industrie des tournages s'inquiète d'ailleurs du petit nombre de grandes productions hollywoodiennes qui viennent en ville. De nombreux facteurs entrent en ligne de compte, dont les menaces de grève des acteurs hollywoodiens et la hausse du dollar canadien. Mais en attendant que Harper trouve quelque chose à couper dans ce secteur, on peut aussi blâmer l'affrontement de deux syndicats de techniciens de cinéma, sur le dos de l'industrie. Heureusement qu'il restera toujours les beaux décors de Montréal, comme dans la photo ci-dessous du vieux Montréal, pour attirer au moins quelques réalisateurs...

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