2014-09-29

 

Un atelier d'écriture à Québec en novembre

Après avoir fait circuler un sondage, j'ai décidé d'offrir encore une fois un atelier d'écriture destiné aux écrivains qui privilégient les genres de l'imaginaire : science-fiction, fantastique, fantasy ou horreur.  Cette année, l'atelier aura lieu durant la fin de semaine des 15 et 16 novembre prochains à Québec. Je souligne qu'il s'agit d'un atelier dont l'objectif est l'amélioration des chances de publication d'un texte.

Il s'agira d'un atelier de deux jours, de 9 h à 17 h, avec une pause pour le dîner, à l'auberge L'Autre Jardin sur le boulevard Charest, dans le quartier St-Roch.  L'inscription est fixée à 50$ (+ taxes, soit 57.49$, le tout non remboursable), pour un maximum de 8 participants. Si un nombre suffisant de personnes désirent une pause café (ou plusieurs), un paiement supplémentaire sera exigé sur place au début de l'atelier.

Les conditions de participation sont les suivantes : chaque participant ou participante doit soumettre par courriel un texte inédit et complet (sous la forme d'une nouvelle ou d'un chapitre de livre), relevant de la science-fiction, du fantastique, de la fantasy ou de l'horreur, au plus tard le 1er novembre. Ce texte devra compter au moins 3 000 mots et au plus 8 000 mots. Il faudra le faire parvenir par courriel au plus tard le 1er novembre (format : seulement RTF, DOC ou TXT). 
Les participants devront lire les textes des autres participants, noter au moins trois critiques ou problèmes et se plier au fonctionnement prescrit sur place.

Par contre, il faut me faire parvenir le paiement par chèque ou mandat postal (libellé à mon nom) le plus tôt possible à l'adresse que je fournirai aux personnes qui me contacteront par courriel ou par Facebook.  J'accepterai les 8 premières inscriptions reçues.

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2014-09-22

 

Ma nouvelle de post-apo canadien

Mon exemplaire de l'anthologie réunie par Silvia Moreno-Garcia, Fractured:  Tales of the Canadian Post-Apocalypse, vient d'arriver chez moi et me permet de faire état de l'inclusion de la version anglaise de ma nouvelle « Le dôme de saint Macaire » (d'abord parue dans le numéro spécial du 400e anniversaire de Québec de la revue Solaris) sous le titre « St. Macaire's Dome ».

L'éditeur annonce aux auteurs que le livre sera peut-être à l'étude dans un cours à l'Université de Toronto dès 2016 ainsi que dans un cours donné au collège Seneca à Toronto.  Je n'ai pas encore lu les autres textes, mais, au nombre des auteurs, je reconnais les noms de Claude Lalumière, Michael Matheson, Steve Stanton et A. M. Dellamonica.  Quant aux autres, il va falloir que je découvre leur plume.  En principe, toutefois, conformément à l'appel à texte, Fractured n'est pas censé comporter d'histoire de zombies... parce que la même anthologiste et la même maison d'édition ont déjà fait paraître Dead North, une anthologie de zombies canadiens.

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2014-09-21

 

Le fantastique du terroir québécois chez Chartrand

La veine fantastique est sans aucun doute une des constantes historiques de la production littéraire québécoise.  Des auteurs l'exploitent dès les années 1830 et le jeune Aubert de Gaspé introduit en terre canadienne la nouvelle littérature frénétique qui fait fureur en Europe.  Toutefois, le fantastique littéraire canadien-français cède ensuite à la tentation ethnographique durant près d'un siècle.  Ce mariage de la littérature et de la tradition orale engendre une littérature canadienne-française propre, mais aux horizons limités par les constantes du folklore local.  La production fantastique québécoise s'ouvre durant le vingtième siècle à de nouvelles thématiques, pour la plupart originaires d'Europe ou des États-Unis.  On pourrait répartir ces influences étrangères en trois catégories, soit celle du fantastique littéraire et insolite, dans une veine qui inclut Kafka et les surréalistes français, celle d'un fantastique populaire réinventé par des auteurs comme Jean Ray et Lovecraft, et celle du fantastique de grande consommation qui exploite des créatures et mythologies vulgarisées par les bestsellers et les médias audio-visuels (vampires, loups-garous, zombies, etc.).  Toutefois, durant la seconde moitié du vingtième siècle, quelques auteurs sont restés fidèles au terroir québécois : des écrivains comme Daniel Sernine et Anne Hébert ont exploité des cadres locaux en les combinant avec des éléments plus exotiques.

Depuis quelques années, une nouvelle génération d'auteurs s'intéresse de nouveau au terroir québécois.  Dans sa trilogie des « Villages assoupis », Ariane Gélinas choisit des lieux éloignés mais bien réels pour camper des histoires horrifiques contemporaines.  Quant à Sébastien Chartrand, il a signé en 2013 L'Ensorceleuse de Pointe-Lévy, le premier volume d'une trilogie (?) intitulée « Le Crépuscule des arcanes ».


Dans son cas, Chartrand situe l'action de son roman en plein cœur du Québec historique.  Tout s'y passe dans une région qui s'étend de l'île d'Orléans à la Mauricie, en incluant Lévis et Québec.  L'intrigue est datée de 1848-1849.  Faustin Lamare vit chez son oncle dans le petit village de Notre-Dame des Tempérances, sur la rive sud du Saint-Laurent, non loin de Lévis (ou Pointe-Lévy).  Son oncle est le curé du village, Faustin son bedeau et François Gauthier son vicaire, mais, en réalité, ce sont des mécréants qui sont parmi les derniers à pratiquer la magie théurgique des arcanes.  Le vieux curé Lamare croit d'ailleurs que la version indigène des arcanes, la médianie, est également en perte de vitesse et que la goétie — la magie des arcanes noirs — est presque entièrement oubliée.  En conséquence, ils sont d'autant plus perplexes lorsque des incidents mystérieux s'accumulent et révèlent l'intervention d'une magie puissante.

Lorsque la jeune Rose Latulipe est emmenée par un étranger suspect et que le vieux Lamare perd la vie dans un duel de magie, c'est le début d'une série d'aventures qui va conduire Faustin sur des chemins insoupçonnés, l'accabler d'horreurs sans nom et lui dévoiler des vérités du passé qu'il aurait préféré ne jamais connaître.  En compagnie de Gauthier, de l'Indienne Shaor'i, magicienne puissante, et du coureur des bois Baptiste Lachapelle, il finit par identifier les adversaires qui ont ourdi un plan maléfique pour ressusciter un sorcier dont la maîtrise des arcanes noirs est immense.

En cours de route, Faustin doit fuir un loup-garou et se battre avec un wendigo (baptisé jack mistigri pour les besoins de l'histoire).  Il croise aussi le fameux conteur Jos Violon, voyage dans un canot de la chasse-galerie, se frotte au terrible Gamache, le sorcier de l'île d'Anticosti, et apprend les secrets de la Corriveau.  Bref, Chartrand égrène à plaisir les allusions, références et ré-emplois de motifs du patrimoine fantastique canadien-français en remontant aux Aubert de Gaspé, et même avant.  Le tout culmine avec un affrontement ultime entre le bien et le mal, préparé et conduit dans les règles de l'art.

S'il faut deux ou trois chapitres pour éveiller l'intérêt du lecteur, le reste se lit d'une traite.  Chartrand a signé un roman bien structuré, qui ne multiplie pas outre-mesure les protagonistes ou les antagonistes, et qui parvient à intégrer la plupart des péripéties et rebondissements dans le cadre d'une intrigue qui prend tout son sens à la fin.  La plupart du temps, la narration coule de source et l'ensemble procure un rare plaisir de lecture.

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2014-09-17

 

Ma quatrième nouvelle dans Virages

Le nouveau numéro de la revue franco-ontarienne Virages inclut une nouvelle de science-fiction de ma plume, « Celle que j'abrite ».  Il s'agit de ma quatrième nouvelle publiée dans les pages de la revue que Marguerite Andersen dirige actuellement.  Si on retrouve aussi un collègue, Sébastien Chartrand, au sommaire du numéro, c'est toutefois pour une nouvelle réaliste.  Outre un conte onirique, « Le colosse aux trois yeux » de Michel Bref, les littératures de l'imaginaire sont  représentées par un conte fantaisiste, « Un bec, une queue, une électrolocalisation et une quête identitaire » de Vincent Paiement Désilets.


2014-09-12

 

Impulsion, de Bernard Henninger

En fait, il s'agit à peine d'un roman de science-fiction.  Il serait plus juste de l'appeler une fiction scientifique, mais il faut reconnaître que l'ouvrage combine une uchronie discrète (il est question de l'envoi d'une sonde privée vers Pluton, apparemment au siècle dernier) et une dose d'anticipation (les derniers chapitres se déroulent dans un futur évoqué avec retenue).

Henninger prend pour protagoniste, Bénédicte, une Française dont la vie sera vouée à la science et à l'exploration spatiale.  Tout commence un soir à la fac où elle attend en vain un homme et repère une annonce punaisée au babillard.  L'étudiante dépitée décide de participer au concours annoncé, que finance une richissime fondation privée des États-Unis qui profite des largesses d'un homme d'affaires d'origine indienne, Vestiboran, qui a fait fortune aux États-Unis.

Contre toute attente, Bénédicte obtient de participer à l'élaboration d'une sonde qui sera expédiée vers Pluton.  C'est le début d'une période de travail acharné à l'occasion duquel elle s'éprend d'un proche collaborateur, un jeune et génial mathématicien indien, Rudra.  Le lancement de la sonde à destination de Pluton et la mort foudroyante de Rudra mettent fin à cette phase de la vie de Bénédicte, dont l'existence sera désormais rythmée par les rendez-vous de la sonde avec les planètes majeures du système solaire, à des intervalles qui se comptent naturellement en années.

Henninger s'essaie à l'écriture d'un roman atypique, qui est centré sur la vie de Bénédicte après l'effervescence de la conception d'une sonde novatrice.  Faute d'avoir suivi le sacro-saint cursus français, Bénédicte se retrouve le bec à l'eau quand elle retourne en France après la mort de Rudra et tente de trouver un poste à la mesure de ses talents dans le système français.   L'essentiel du roman est consacré à ses avanies professionnelles, ses révoltes, ses moments de gloire quand la sonde fait les nouvelles en croisant une des planètes qui jalonnent son parcours jusqu'à Pluton, ses moments de découragement et le fatalisme qu'elle finit par acquérir.

Ce portrait de la double vie de Bénédicte, à la fois exploratrice de planètes et supplétive du système d'éducation, frappe fort et touche juste, il me semble.  Les épreuves de Bénédicte préparent la révélation finale, mais elles sont aussi une condamnation sans grand appel possible d'un système gangrené par les rigidités.  Il y a, dans l'humeur élégiaque des chapitres ultimes, ainsi que dans la rédemption finale de Bénédicte, quelque chose qui m'a rappelé la nouvelle « Requiem » de Heinlein.

Le volet scientifique du roman m'a laissé plus dubitatif.  Henninger recourt souvent à des périphrases et à des évocations lyriques pour traiter des activités professionnelles de Bénédicte.  Sur certains points, dont celui de la programmation de la sonde, il subsiste des zones d'ombre qui ne permettent pas de trancher.  L'auteur élude-t-il certains sujets pour éviter de lasser ses lecteurs avec des détails technico-scientifiques ou les élude-t-il parce qu'il ne les maîtrise pas ?  En général, toutefois, la narration demeure convaincante et on ne saurait en demander plus à un auteur.

Henninger a également choisi de faire parler un personnage féminin à la première personne.  Je ne me prononcerai pas sur la justesse de la personnification, mais il m'a semblé que le résultat était également convaincant, même si l'auteur s'accordait quelques facilités en cours de route.

Malgré les conseillers qu'il remercie, Henninger commet toutefois quelques bourdes qui n'auraient peut-être pas échappé à une relecture plus avisée.  Il parle d'orbites de « Lohmann » (au moins deux fois) quand il veut parler d'orbites (de transfert) de Hohmann (il suffit d'avoir lu ses classiques : dans le roman pour jeunes Space Cadet, Robert A. Heinlein rend hommage à Hohmann noir sur blanc).  Les personnages d'Impulsion profitent d'un séjour dans le Lot pour observer, en astronomes amateurs, la nébuleuse de la Carène.  S'il s'agit de la nébuleuse d'Eta Carina, c'est strictement impossible à moins de faire basculer la Terre sur son axe.  À -60 degrés de déclinaison, la nébuleuse n'est jamais visible du Lot à 44 degrés de latitude nord...  Et si l'anglais de Henninger est en général passable, le choix de baptiser « Astronomic Foundation » la fondation de Vestiboran n'a cessé de m'agacer les rétines, car si « astronomic » est une variante connue de l'adjectif « astronomical », ce dernier terme est de loin le plus répandu dans le domaine de l'astronomie et de l'astronautique.  Mon unique article comme chercheur dans le domaine est paru dans l'Astronomical Journal, par exemple.

Malgré ces quelques approximations, le mariage d'une destinée humaine atypique (avec son lot de grandeurs et de misères) et d'une aventure scientifico-technique extrêmement réaliste finit par fasciner.  La combinaison est loin d'être commune, en particulier dans le domaine francophone.  On songe à certains romans aujourd'hui oubliés, dans une veine tranquille et réaliste fouillée par des auteurs comme C. P. Snow, les Hoyle ou James Gunn (The Listeners).  Les péripéties proprement romanesques sont rares, mais c'est ce qui donne plus de profondeur à la rédemption finale de Bénédicte.

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2014-09-10

 

Un texte alexandrin dans Dimension Antiquité

Maintenant que j'ai mes exemplaires d'auteur, je peux annoncer officiellement la parution de ma nouvelle « Les cadeaux de Prométhée » dans l'anthologie Dimension Antiquité réunie par Meddy Ligner.  Cette anthologie succède à Dimension Préhistoire, où j'avais également une nouvelle.  Les deux sont toujours disponibles chez l'éditeur Rivière Blanche, mais il convient de noter que celui-ci ne livre pas au Canada (en raison de difficultés postales répétées).
Claude Aziza signe une sorte d'introduction sous forme de survol historique des liens entre l'Antiquité et la science-fiction (on peut aussi la retrouver sous la forme d'un article en ligne).  Assez curieusement, il omet de parler de Lucien de Samosate et il semble confondre Antoine Diogène, l'auteur supposé du roman (perdu) en vingt-quatre volumes Des choses incroyables que l'on voit au-delà de Thulé, et Hécatée d'Abdère, l'auteur probablement antérieur d'un récit de voyage à portée utopique, Sur les Hyperboréens.  (Sans doute qu'il a abrégé un peu trop rapidement des notes de travail bien antérieures à cette rédaction.)  Aziza aurait aussi pu mentionner la relation de voyage d'Évhémère de Messine sur l'île Panchaïe, mais il signale en contrepartie non seulement l'Ile fortunée d'Iambule mais aussi le très vénérable écrit de Thymoétès, Les Portes nyséennes, déjà relevé en son temps par Pierre Versins.

Chaque nouvelle de l'anthologie est préfacée d'un commentaire de l'auteur afin d'éclairer sa démarche.  Bref, je suis en bonne compagnie puisqu'on retrouve aussi dans cette anthologie Jean-Pierre Andrevon, Fabien Clavel, Frédérick Durand, Fabien Fernandez, Franck Ferric, Ariane Gélinas, Pierre Gévart, Meddy Ligner, Olivier May, Javier Negrete, Ketty Steward et Rachel Tanner.

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2014-09-03

 

Lucy, ou comment faire de la science-fiction intelligente avec bêtise

À certains égards, Lucy est peut-être bien ce qui, en 2014, se rapproche le plus, avec Edge of Tomorrow et quelques autres efforts passés inaperçus, d'un film de science-fiction original.  Quand on écarte les suites, les films de superhéros (Guardians of the Galaxy est jouissif, oui) et les adaptations de romans (Divergent, The Giver), il ne reste plus grand-chose.

Cela dit, Lucy est un film incomparablement frustrant.  D'une part, Besson ne rate presque jamais l'occasion d'aligner un cliché, une ineptie ou une fausseté.  Mafia taïwanaise, implantation sous la peau de sacs d'une nouvelle drogue, plaisanterie sur la légende urbaine au sujet des vols d'organes, signaux de téléphones portables qui montent vers le ciel (parce que Besson croit qu'ils communiquent avec des satellites?), indigènes d'Amérique à cheval avant l'arrivée des Européens...  et tout un film qui repose sur le mythe voulant que l'être humain n'utilise que 10% de son cerveau.  D'autre part, Besson est un réalisateur de talent qui nous plonge tout de suite dans le vif du sujet et qui nous gratifie de fort jolies séquences (n'empêche que ses recherchistes auraient pu travailler un peu plus fort : il y a un clip de derviches tourneurs qui ressemble fort à un clip semblable dans The Giver).  En outre, il bénéficie du travail d'actrice de Scarlett Johansson qui donne un minimum d'humanité au personnage de la surfemme (qu'on n'a pas vu si souvent, avouons-le).  Au fond, c'est une autre version d'un grand récit de la science-fiction, celui de l'accession de l'humanité à un stade supérieur de l'évolution, qui remonte au moins à Stapledon.  Du Slan de Van Vogt à 2001:  A Space Odyssey, il en existe plusieurs versions.  Si le prétexte trouvé par Besson est plus ridicule que d'autres, il est permis de s'attacher aux conséquences qu'il en tire et à l'optimisme sous-jacent de l'idée même, optimisme qui est inscrit dans le code génétique progressiste de la science-fiction.

En fin de compte, on peut regarder Lucy en essayant d'apprécier le bon film de science-fiction camouflé par le mauvais film de Besson.  Bref, il faut apprécier le spectacle et le thème tout en faisant abstraction de l'argument...  Et voilà pourquoi on a des mots différents pour désigner des choses différentes.

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