2011-08-31

 

Science et société en débat à Montréal

Le 7 septembre prochain, la Grande Bibliothèque accueillera un 5 à 7 sur le sujet de la place dans la science dans la société. Bernadette Bensaude-Vincent abordera le thème des relations entre la science et les citoyens, tandis que Yves Gingras et Marc-André Sirard discuteront des rapports entre la science et le gouvernement, et entre la science et l'entreprise.

La description de la thématique laisse songeur, certes : « Le savoir semble appartenir à tout le monde, particulièrement dans notre société hyperbranchée, mais qu’en est-il concrètement? Le citoyen est-il plus qu’un récepteur passif d’un savoir élaboré et validé en milieu clos, et qui pourtant influence sa vie et détermine son avenir? Que se passe-t-il quand les élus interviennent directement dans le développement scientifique à la place des scientifiques eux-mêmes? Autant de questions qui nous ramènent à la dimension collective des connaissances produites par les chercheurs. »

Il y a des portes ouvertes : bien sûr que le citoyen n'est pas qu'un récepteur passif, mais ce qu'il fait du savoir scientifique n'est plus, dans la plupart des cas, un savoir scientifique par le fait même. Il y a des portes qu'il faudrait ouvrir : même si les scientifiques eux-mêmes ne sont pas les meilleurs juges de ce qui distingue leur savoir des conclusions politiques qu'ils en tirent parfois, les interventions des élus peuvent carrément entraver le développement du savoir scientifique. Et il y a des portes qui mènent ailleurs : les connaissances produites par les chercheurs ont une dimension collective, mais c'est surtout celle de la collectivité des scientifiques eux-mêmes. Il manque une nuance importante, qui distinguerait les connaissances produites par les chercheurs des connaissances à portée scientifique, ces dernières combinant le produit de travaux plus ou moins rigoureux et les interprétations, applications et déformations que les résultats de ces travaux subissent une fois sortis des labos.

Mais il faudra y être pour savoir quelles portes seront empruntées.

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2011-08-28

 

Un Canada idéal

Les funérailles nationales de Jack Layton ont confirmé la dimension politique qu'il semble avoir souhaitée pour son décès. Mais en dépit du discours de Stephen Lewis, il ne s'agissait pas d'un événement essentiellement partisan. Son poids politique tenait surtout à sa dimension spectaculaire, qui mettait en scène, de la manière la plus évidente qui soit, une certaine conception de la collectivité canadienne et une vision précise du Canada rêvé. Bref, le déroulement de la cérémonie d'hier nous a offert un aperçu d'un Canada idéal.

Tout y était, du droit de préséance des Premières Nations à la représentation équitable de l'anglais et du français, en passant par l'importance des arts ainsi que l'inclusivité religieuse et ethnique — et sans oublier de faire une place aux gays et lesbiennes, ou aux personnes handicapées. Systématique, oui, mais également emblématique. Chacun de ces choix véhiculait une valeur de ce Canada idéal, et par-dessus tout l'inclusivité. Alors que le gouvernement actuel cherche à réduire le Canada d'aujourd'hui à un simple appendice britannique, où l'économie l'emporterait toujours sur la culture ou la science, la vision du Canada mise en scène par les funérailles de Jack Layton était plus ample, plus ouverte et infiniment plus généreuse. Dans une certaine mesure, il s'agissait de la vision des Libéraux de Trudeau, mais les dernières volontés de Layton en auront fait un modèle néo-démocrate. (Après tout, la vision traditionnelle du Canada social-démocrate idéal aurait sans doute fait plus de place aux déshérités de la terre...) En la reprenant à son compte, le NPD amorcerait un rapprochement avec les Libéraux et avec le centre du spectre politique. Au programme, il y avait même à boire et à manger pour les baby-boomers (la musique de leur jeunesse) et les réminiscences des enfants de Layton rappelaient que leur père appartenait à la grande classe moyenne canadienne.

Ce n'était pas le Canada de tout le monde qui apparaissait à l'écran et ce serait excessif d'affirmer que Jack était le politicien du peuple. D'autres élus aussi ont reçu l'appui du peuple, qu'ils soient de droite ou qu'ils soient indépendantistes. Néanmoins, comme je le rappelais après le 2 mai, le vote des partis de gauche (Libéraux+NPD+Verts) réunissait une majorité des suffrages canadiens, autant au Québec (59,7%) que dans le reste du Canada (51,9%). Et encore, je ne considère pas que le vote croupion du Bloc corresponde à un appui des idées de gauche... Par conséquent, la petite délégation de la droite — Ford, Harper et ses ministres — sur place aux funérailles de Jack avait raison de se sentir minoritaire. Et ce n'était sûrement pas mauvais qu'elle le sente, pour une fois.

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2011-08-22

 

L'humain et le robot

Durant la dernière élection, l'affrontement politique a opposé un être humain authentique, ouvert à toutes les expériences et soucieux des gens plutôt que des idées, et un automate qui répétait ses convictions toutes faites sans jamais prendre le risque d'entendre une question de trop ou de croiser un regard sceptique.

Harper l'a emporté sur Layton, mais de peu, car Jack Layton (1950-2011) avait fait la campagne de sa vie, comme il l'avait annoncé. La différence entre les deux hommes transcendait les programmes politiques, car les détails retiennent rarement l'attention des électeurs, plus sensibles à la question de savoir si un chef politique est dans leur camp — et s'il est de taille à tenir tête aux difficultés. En faisant campagne, Jack faisait déjà preuve de courage (ou d'obstination), mais la différence tenait aussi à l'humanité de la personne, qui avait peut-être l'avantage, en un sens, s'il se savait déjà miné, d'être un homme libéré des peurs mesquines et des considérations stratégiques. Un homme qui pouvait se donner entièrement à sa passion de la politique, et donc à sa passion des gens, car la politique n'est que la vie de la collectivité, au fond.

À Toronto, il y a vingt ans, j'habitais dans un quartier représenté, entre autres, par Olivia Chow, l'épouse depuis peu de Jack Layton. Tous les deux militaient sur la scène municipale, mais Jack Layton était à l'époque un conseiller municipal qui ne se détachait pas autant qu'on l'a dit puisque la vie municipale au cœur de Toronto comportait une dimension progressiste très marquée. (Durant mon séjour dans la métropole ontarienne, une étudiante de l'Université de Toronto qui écrivait pour le journal étudiant allait commencer à signer une chronique pour un quotidien de la ville et sans doute préparer petit à petit l'ouvrage qui allait la rendre célèbre : le No Logo de Naomi Klein.) C'est plus tard, quand il est devenu le chef du NPD, qu'il s'est imposé pour la première fois à l'attention de nombreux Canadiens, dont moi-même. Une fois, après la dernière élection, j'ai eu l'occasion de serrer la main de Jack Layton et je l'ai vu ensuite parler aux journalistes — déjà pâle, amaigri, blanchi, la peau translucide... mais encore habité par une flamme qui faisait fi de la fragilité du corps humain.

Mais si les robots durent longtemps, les simples humains meurent. Et parfois trop tôt. Cruellement. Et si tristement.

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2011-08-08

 

Londres brûle encore

C'est toujours pareil et c'est chaque fois un peu différent. Pour parler des émeutes en Angleterre, je pourrais me borner à reprendre mon billet de 2008 sur les émeutes à Montréal après la mort de Freddy Villanueva, abattu par un policier. Après Raymond Constantine Lawrence, Bouna Traoré, Zyed Benna et Rodney King... Cette fois, la victime s'appelait Mark Duggan.

Les émeutes se multiplient, comme en France en 2005. Pour l'instant, selon cette carte, elles n'ont pratiquement pas empiété sur le cœur de Londres, c'est-à-dire les parties de la ville que j'ai eu l'occasion de parcourir. Les plus anciennes et les plus aisées. (Néanmoins, j'ai pu voir à Londres et ailleurs à quel point le cadre de vie anglais, hors des quartiers cossus, pouvait être triste et sordide.)

En un sens, c'est la preuve que (pour l'instant) ces émeutes ne représentent pas un prolongement du Printemps arabe ou du mouvement européen des « indignés ». Les manifestants arabes et les « indignés » grecs, espagnols, etc. ont occupé sans hésiter les lieux symboliques de la nation. Ils appelaient à la révolution. Les émeutiers anglais s'en prennent à leurs propres quartiers, ce qui suffit à révéler l'horizon restreint de leurs ambitions. Ce n'est donc pas si difficile de diagnostiquer un mouvement né de l'exclusion, de l'ennui, de la désespérance et de la rancœur. C'est beaucoup, mais c'est tout.

La taille du problème était connue depuis un an. En 2010, on annonçait que 1,4 million d'adultes britanniques n'avaient jamais travaillé (sans compter deux millions de jeunes adultes aux études qui n'avaient jamais eu un emploi non plus). Ce chiffre (3% environ de la population en âge de travailler) incluait les inaptes au travail et les femmes à la maison, mais il révélait néanmoins une culture en marge des structures officielles. À la même époque, 20% des ménages britanniques ne comptait pas une seule personne au travail. Et les chiffres révèlent sans surprise que la pauvreté et le chômage sont plus présents dans certaines communautés.

Existe-t-il des solutions? Une solution partielle consiste sans doute à mieux intégrer les populations dont sont issus les émeutiers. Après tout, près de 8% des Britanniques appartenaient en 2001 à une minorité visible et on peut supposer que le chiffre est plus élevé aujourd'hui. Or, en 2010, le nouveau cabinet de la coalition au pouvoir ne ressemblait guère au pays qu'il était censé gouverner. Cette galerie met en évidence l'absence criante de ministres issus des minorités visibles (et la sous-représentation des femmes est assez frappante).

C'est ce qui nous pend au nez ailleurs qu'en Angleterre d'ailleurs. Malgré tous leurs problèmes, les États-Unis ont eu le courage de mettre en œuvre, dans la foulée des émeutes des années soixante, une stratégie d'intégration qui a conduit à l'élection d'un président noir en 2008. C'est loin d'être clair que l'Ontario, que le Québec ou que la France ont tiré la même leçon de leurs explosions sociales respectives.

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2011-08-07

 

Des étudiants de plus en plus brillants, ou bien...

Tandis que l'inflation monétaire se fait attendre (voire espérer) dans le monde de l'économie réelle, l'inflation des notes est de plus en plus évidente dans le monde universitaire aux États-Unis. Les résultats d'une étude de 2010 démontraient que les étudiants obtiennent en moyenne des notes plus élevées aujourd'hui dans les universités des États-Unis qu'avant les années soixante. Deux périodes ont tout particulièrement vu les notes des étudiants s'envoler : le tournant des années soixante-dix et la période qui commence vers 1990. Les causes de cette inflation sont moins claires (la guerre au Viêt-Nam a pu jouer dans le premier cas, alors que les étudiants qui échouaient risquaient d'être enrôlés, ce qui aurait poussé les profs à relever les seuils minimaux).

Aujourd'hui, les notes moyennes les plus élevées sont décernées dans les institutions privées, mais est-ce parce qu'elles attirent les étudiants les plus brillants ou parce qu'elles sont les plus soumises à des pressions financières? Or, cette étude retenait des étudiants de niveaux comparables (selon leurs résultats scolaires avant l'université et des tests standardisés), ce qui voudrait dire soit que les universités privées font plus pour aider les étudiants à exceller soit que leurs notes sont plus ou moins factices. Une étude publiée le mois dernier aux États-Unis s'intéressait plus précisément aux notes attribuées dans différentes catégories d'institutions postsecondaires. Elle confirmait que les universités privées (comme Harvard) distribuent plus de A. (Et on s'étonnera ensuite que les produits de ces universités se considèrent comme une élite supérieure...)

Toutefois, comme la tendance est la même dans les institutions privées et les institutions publiques, on ne peut pas isoler aussi facilement les responsables de cette inflation. La différence entre les institutions privées et publiques est une chose, mais l'inflation en est une autre. Peut-être que les institutions privées tirent les autres vers le haut, mais il faut sans doute tenir compte aussi de l'introduction des évaluations des profs par les étudiants et des pressions plus générales qui s'exercent sur toutes les universités nord-américaines qui se battent pour augmenter le recrutement d'étudiants.

En tout cas, je note que les notes attribuées dans les sciences naturelles restent moins élevées que dans les sciences sociales et les arts, ce qui expliquerait, selon certains, pourquoi les étudiants nord-américains se sont en partie détournés des sciences et du génie. Ce ne serait pas dénué d'ironie, par rapport à certains préjugés courants, que les étudiants les plus idéalistes (les plus désintéressés dans la mesure où ils se soucient moins de leurs résultats) se retrouveraient dans ce cas non pas dans les arts et les humanités, mais dans les programmes des sciences exactes ou de génie...

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2011-08-06

 

Le Canada règne sur l'hémisphère

La décote (par Standard & Poor's) du gouvernement des États-Unis entraîne un renversement de situation assez piquant pour les Canadiens qui se souviendront des années quatre-vingt-dix dominées par la lutte au déficit. À l'époque, les finances publiques étaient grevées par des déficits consécutifs et une dette qui pesait de plus en plus lourd. Le dollar canadien valait un tiers de moins que le dollar étatsunien, et un voyage aux États-Unis exigeait un maximum d'argent ou de frugalité, selon les cas...

Aujourd'hui, le Canada est désormais le seul pays des Amériques à jouir d'une cote AAA, selon la dernière liste (.PDF) en date de S&P. D'Alert à la Terre de Feu, le gouvernement canadien est la seule entité souveraine qui jouit de cette reconnaissance. Cela pourrait s'avérer éphémère dans l'éventualité d'une autre récession et de l'obstination des Conservateurs à ne pas relever les impôts, mais autant s'en réjouir pour l'instant.

D'ailleurs, S&P se penche, dans son annonce (.PDF) de la décote, sur le futur des États-Unis et d'une poignée de pays comparables, dont le Canada. L'agence conclut que l'évolution de la dette aux États-Unis est nettement plus inquiétante, dans les circonstances actuelles que dans ces autres pays (Allemagne, Canada, France, Royaume-Uni). Voici le paragraphe le plus intéressant :
When comparing the U.S. to sovereigns with 'AAA' long-term ratings that we view as relevant peers--Canada, France, Germany, and the U.K.--we also observe, based on our base case scenarios for each, that the trajectory of the U.S.'s net public debt is diverging from the others. Including the U.S., we estimate that these five sovereigns will have net general government debt to GDP ratios this year ranging from 34% (Canada) to 80% (the U.K.), with the U.S. debt burden at 74%. By 2015, we project that their net public debt to GDP ratios will range between 30% (lowest, Canada) and 83% (highest, France), with the U.S. debt burden at 79%. However, in contrast with the U.S., we project that the net public debt burdens of these other sovereigns will begin to decline, either before or by 2015.
Ainsi, en 2015, le fardeau net de la dette en France (83%) serait plus élevé qu'aux États-Unis (79%), mais les perspectives d'une stabilisation ou baisse de la dette française seraient meilleures qu'aux États-Unis. C'est frappant et cela valait la peine d'être souligné. C'est d'ailleurs pourquoi ces quatre pays conservent leur cote AAA de S&P...

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2011-08-05

 

Le monarchisme canadien

Faute de temps, je n'avais pas eu l'occasion de commenter la visite du couple princier — William et Kate pour les intimes... des médias — au Canada, mais je suis tombé à l'occasion de mes recherches du moment sur le passage que je reproduis ci-après en le tirant d'un récit de voyage au Canada du XIXe siècle. Le capitaine Brook J. Knight rapportait son arrivée à Ottawa dans les termes suivants :
The Royal Victoria Hotel to which we went although large and commodious was not half furnished and had boys and girls instead of professional waiters as attendants. It had been we were told splendidly furnished for the Prince of Wales's visit but the furniture being of far too costly a character for the common exigencies of an hotel had been all sent back to Montreal and I suppose the attendants also. The only relic of the Prince's visit remaining was a grand pianoforte in a splendid rosewood case. This instrument was highly prized by the loyal landlord, chiefly I believe on account of a gymnastic performance of Prince Alfred's upon the top of the piano which broke off a good sized piece of wood from the highly polished and beautifully veined case thus entirely disfiguring it, but when I expressed my regret that so valuable and handsome a piece of furniture should be thus mutilated I was informed that the mutilation had very much increased the value of the pianoforte and moreover that the piece broken off would be preserved with sacred affection and jealous care for had it not been trodden upon by a royal foot. Had this anecdote been known at Washington at the time the Trent outrage took place I think it possible that Mr Seward might have released Messrs Slidell and Mason of his own accord instead of waiting till he was forced to do so.
Dans ce texte reproduit dans une anthologie de 1863, l'auteur fait sans doute référence à la visite à Ottawa du prince de Galles en 1860. Albert Edward (qui allait régner sous le nom d'Edward VII) est ici appelé Alfred, mais c'est sans aucun doute le même. Et s'il a dansé sur le piano de l'hôtel qui portait le nom de sa mère, c'est sans doute moins étonnant (étant donné sa réputation de bon vivant) que la conservation du piano — en l'état — par l'hôtel.

Ou plutôt, c'était une première démonstration, il y a un siècle et demi, de l'engouement parfois excessif des sujets canadiens de la Couronne britannique pour leur monarchie. (Même si d'autres anecdotes de la visite de Bertie en 1860 rappellent que tous les Canadiens de l'époque ne respectaient pas nécessairement le protocole à la lettre.) Comme quoi, il n'y a pas grand-chose de neuf sous le soleil...

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2011-08-04

 

La rotation de Vesta

La mission Dawn de la NASA continue à nous alimenter en belles images. En ce moment, ce sont des photos de l'astéroïde Vesta qui nous arrivent quotidiennement de la sonde du même nom et elles ont servi aux spécialistes à monter cette splendide animation de la rotation de Vesta, dont je recommande le visionnement.

Dans la mesure où Cérès est désormais classée comme une planète naine (à l'instar d'Éris et Pluton), Vesta devient le plus gros astéroïde du système solaire. Du coup, la mission Dawn aura le privilège en février 2015 d'effectuer le premier rendez-vous avec une planète naine puisque la mission New Horizons n'atteindra Pluton qu'en juillet 2015.

On entend parfois des critiques se plaindre qu'il n'y a plus de découvertes fondamentales en astronomie. C'est peut-être vrai, à une certaine échelle, mais notre conception du système solaire n'avait pas été chamboulée à ce point depuis le début du XIXe siècle et la découverte des premiers astéroïdes. En apprenant à mieux connaître le système solaire, ce sont peut-être des points de détail que chaque mission élucide, mais chacun de ces détails a de bonnes chances de se répercuter dans des milliards et des milliards (© Carl Sagan) d'autres systèmes — dont nous sommes désormais certains de l'existence, ce qui n'était pas le cas il y a vingt ans à peine.

Bref, en route pour Cérès !

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2011-08-03

 

Le visiteur (sonnet de jeunesse)

Dévalant les escaliers du Trocadéro,
éclaboussé par les fontaines, tout trempé d'eau
sous l'ombre hautaine de la tour Eiffel, tout fiérot,
je galope — le soleil me séchera bientôt

Des sourires hargneux — on me contemple de haut,
mais je cours vite jusqu'au palais de Chaillot :
la famille m'attend, impatiente, bouches en O,
nous devons prendre le métro, aussitôt

Une odeur de plastique chaud : le métro !
Des faces fatiguées — on revient du boulot,
on se bouscule, on est prêt pour le dodo

Des escaliers collants : du soleil ! il m'en faut !
Dans la foule indifférente, je suis de trop
Le havre : je me lance vite dans un trot

(J'ai retrouvé ce sonnet aux rimes assez particulières sous la forme de lignes griffonnées à la main et au crayon sur une feuille de papier ligné. J'estime qu'il pourrait dater de la fin des années quatre-vingt.)

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2011-08-02

 

Les infrastructures chinoises du Québec

L'autre semaine, quand deux trains à haute vitesse se sont emboutis en Chine, la presse en a vite profité pour évoquer le spectre de la corruption et de la construction bâclée qui hante tous les projets d'infrastructure menés tambour battant depuis quelques années en Chine.

L'écroulement d'une partie du tunnel Ville-Marie en fin de semaine, après divers viaducs et dalles, nous rappelle que la construction de nombreuses infrastructures québécoises (routes, autoroutes, ponts, tunnels... et Stade olympique) a également été bouclée dans l'urgence, entre les échéances d'Expo 67 et des Jeux olympiques de 1976. Depuis le dépôt du rapport Malouf en 1980, on a quelque idée de la gabegie qui régnait à l'époque sur les chantiers. Si certaines traditions se perpétuent depuis, comme le laissent croire les reportages récents sur la collusion, la corruption et les pratiques mafieuses dans le milieu de la construction, ce ne serait pas un hasard, mais la prolongation d'un phénomène historique.

Et si les infrastructures des années soixante et soixante-dix se délitent après moins de quarante ou cinquante ans, on peut se poser à juste titre la question de savoir s'il s'agissait initialement de conceptions à courte vue, comme je l'ai déjà suggéré et comme certains l'infèrent du choix systématique du béton plutôt que de l'acier; d'insuffisances au niveau de la construction d'origine et de l'entretien au fil des ans, comme on l'entend de plus en plus; ou carrément du résultat de malfaçons criminelles.

Dans la plupart de ces cas, il est légitime de se demander si l'argent économisé à l'origine ou au fil des ans aura été dépensé autrement, pour financer les services offerts par le modèle québécois, encore défendu avec acharnement par quelques-uns (non seulement du point de vue de sa finalité humaniste, qu'on ne peut contester, mais aussi de son réalisme financier et économique), même s'il a fallu — en plus ! — endetter le Québec jusqu'à la limite du supportable.

Bref, l'heure des choix se rapproche.

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